La problématique de la recherche scientifique, du développement et de l’innovation en santé dans le continent africain a été au menu des échanges lors de la deuxième édition de l’initiative « Les Voix africaines de la science ». Cette rencontre internationale, organisée à Saly, a regroupé une vingtaine de champions africains de la recherche en santé publique venus du Kenya, d’Afrique du Sud, de Côte d’Ivoire et du Sénégal.
Autour des enjeux du financement et du développement de la santé en Afrique, ces spécialistes ont fait le diagnostic de ce secteur vital à l’échelle continentale. Ils ont également examiné et analysé l’environnement politique de la santé en Afrique afin de pouvoir identifier des mécanismes d’investissement, mais aussi de porter la voix africaine dans les discussions mondiales sur la santé.
Pour le professeur ivoirien David Tea Okou, généticien moléculaire clinique, biologiste moléculaire, chercheur et consultant scientifique, le développement de la santé en Afrique fait face à d’énormes barrières telles que l’absence d’infrastructures modernes, l’insuffisance de capital humain, mais aussi le faible apport du secteur privé africain dans le financement de la recherche scientifique.
« Le secteur privé est un acteur majeur qui doit accompagner le financement et le développement de la recherche scientifique en Afrique. Il est important que les gouvernants participent, mais les institutions de financement doivent aussi contribuer à cet effort pour que la santé puisse évoluer », a plaidé Dr Jaurès Yapi, médecin microbiologiste, enseignant-chercheur à l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire.
L’autre défi à relever porte sur la conservation et le traitement des échantillons et données biologiques. À en croire Dr Babacar Gueye, directeur de la planification, de la recherche et des statistiques au ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, ce sont moins de 2 % des essais cliniques qui se font en Afrique.
« L’essentiel des essais cliniques se fait en dehors du continent africain. Le taux des essais faits en Afrique n’atteint pas 2 %. Il est important que les chercheurs puissent y travailler pour que les médicaments et les essais cliniques se fassent en Afrique, par les Africains et pour les Africains », a sensibilisé M. Gueye.
Également, le retrait de l’USAID dans le financement des programmes en Afrique a eu un impact considérable sur le secteur de la santé, qui est à la recherche de nouvelles ressources pour sa compétitivité. À ce propos, le stratège kényan en matière de politique de santé, Johnpaul Omollo, suggère la stratégie du financement endogène. Il s’agit, selon lui, d’affecter les fruits des taxes issues des produits comme la cigarette et l’alcool au financement de la santé. À cela, il ajoute la proposition d’un prélèvement de 1 % sur les billets d’avion pour renforcer les ressources du secteur sanitaire.
Bien que ces spécialistes s’engagent à amplifier la voix du continent dans le monde, les réalités africaines comme la famine, les épidémies et les maladies infectieuses constituent d’énormes défis à relever pour suivre le rythme du monde. D’où l’importance, pour ces chercheurs africains, de mettre en place un système continental d’échanges de bonnes pratiques afin d’accélérer la souveraineté sanitaire au niveau régional.
Diégane DIOUF (Correspondant)