Une étude de l’Ong Speak Up Africa, rendue publique ce mercredi, alerte sur la faible représentativité des femmes dans les universités et les instituts de recherche en santé au Sénégal. Malgré des avancées timides, les femmes restent peu présentes dans les postes de décision et reçoivent peu de financements pour leurs projets de recherche.
Réalisée dans le cadre d’un projet régional couvrant le Sénégal, le Nigeria et le Kenya, cette étude vise à promouvoir l’équité de genre dans la recherche en santé. Le constat est sans appel : seulement 32 % des chercheurs dans les facultés de médecine et unités de formation en santé sont des femmes. Une légère progression par rapport à 2020 (28,9 %), mais qui reste insuffisante.
Sur les 1 131 personnels recensés dans les principales universités sénégalaises (UCAD, Thiès, Bambey, Ziguinchor…), seules 362 sont des femmes. À l’UCAD, elles ne représentent que 24,82 % des professeurs et 31,38 % des maîtres de conférences. Une situation légèrement meilleure à l’Université Iba Der Thiam de Thiès, où 10 des 17 professeurs sont des femmes, bien qu’elles ne soient que trois parmi les 19 maîtres de conférences.
Autre donnée préoccupante : l’absence des femmes dans les instances de gouvernance. Aucune des 17 enseignantes-chercheuses interrogées ne siège dans un comité d’éthique. Elles sont toutefois présentes dans d’autres structures comme les conseils académiques ou les commissions scientifiques, mais de manière marginale.
La sous-représentation féminine est également visible au niveau des formations avancées. À l’UCAD, les femmes représentent seulement 26,6 % des inscrits en master et 27,76 % en doctorat. Seule l’Université de Thiès affiche une majorité féminine dans certaines filières de santé.
Le défi majeur reste le financement des projets portés par des femmes. À la Direction de la recherche du ministère de l’Enseignement supérieur, seuls 16 des 61 projets en santé (soit 26,2 %) sont dirigés par des femmes. À l’UCAD, sur 32 projets de coopération en santé, seulement 6 sont pilotés par des chercheuses. Quant aux bourses de spécialisation de la Fondation Sonatel, 26 sur 60 ont été attribuées à des femmes.
Face à ce déséquilibre, l’étude appelle à un engagement politique et institutionnel fort pour favoriser l’équité de genre. Elle recommande notamment la mobilisation de financements ciblés, la création d’indicateurs de suivi, la documentation des bonnes pratiques et la mise en place d’espaces de dialogue entre chercheurs, décideurs, bailleurs et communautés.
Maimouna GUEYE