L’âge suscite une certaine anxiété chez la personne, car il est un des indicateurs de la vieillesse. C’est pareil pour les cheveux blancs, annonciateurs d’un autre temps : le début du troisième âge. Plus on grandit et plus, on vieillit. C’est dans l’ordre naturel des choses. Cependant, les cheveux gris peuvent faire leur apparition plutôt que prévu, chamboulant ainsi toute une vie. Comme un cheveu dans la soupe !
« J’ai subi pas mal de moqueries et certains me traitaient de vieille mamie », a révélé Khady Ngom. La femme de 28 ans confie mal vivre l’apparition de ses cheveux blancs. Une singularité à s’en arracher les cheveux. La femme de teint noir et à la taille moyenne se dit complexée à cause de ses cheveux à deux tons. Avec le temps, elle a appris à en faire fi. Cependant, il suffit d’une petite remarque de ses proches pour lui hérisser le poil. La vendeuse en pharmacie essuie également quelques remarques dans son lieu de travail. « Les clients ne se concentrent que sur ma tête », révèle-t-elle peinée. Une situation difficile à gérer pour Khady Ngom. « C’est compliqué par rapport à mon âge. C’est comme si j’avais 50 ans », se désole-t-elle.
Adama Sèye est une femme d’une trentaine d’années. Caissière dans une banque de la place, elle arbore des tresses naturelles. Mais il faut regarder de plus près pour voir quelques cheveux blancs rebelles contrastant avec ses cheveux d’ébène. La trentenaire affiche aujourd’hui fièrement cette singularité. Cependant, cela n’a pas toujours été le cas étant plus jeune. En effet, c’est quand elle a été au jardin d’enfants que la caissière de profession remarque, pour la première fois, l’apparition des cheveux blancs. « Cela me valait toujours des moqueries ou taquineries de la part de mes camarades. Ils me traitaient même de vieille », se souvient Adama Sèye.
Daouda Diop a découvert ses cheveux blancs en peignant sa barbe. Le jeune de 27 ans voit quelques poils disgracieux qu’il inspecte sous toutes les coutures. « J’étais vraiment surpris, surtout par rapport à mon âge », admet-il. Le vendeur de chaussures avoue avoir éprouvé une certaine gêne. « Je voyais venir les regards et quolibets de mes amis », explique-t-il. Pour fuir les railleries et remarques, le sieur a décidé de couper le mal à la racine en se teignant les cheveux et la barbe.
Teinture, henné, des solutions pour couper le mal à la racine
« J’ai remarqué l’apparition de mes premiers cheveux blancs à l’âge de 16 ans. J’étais à la fois surprise et choquée », se remémore Aminata Ndiaye. À l’époque, la jeune femme ne cherche pas d’explications et essaie de les camoufler à tout prix. La femme de 31 ans essaie de les noircir en y mettant de la teinture. « J’ai remarqué que les cheveux blancs n’ont pas changé de couleur, alors que j’ai mis la teinture partout sur les cheveux », dit-elle avec une pointe d’amertume. Cependant, avec le temps, la commerçante a décidé de ne plus retoucher ses cheveux poivre et sel.
Ndèye Lo a aussi tenté la coloration pour se débarrasser de ses cheveux gris. Agée de 54 ans, la femme au teint clair a toujours redouté l’apparition des cheveux blancs. Mais elle n’a rien pu faire contre cette nature décoiffante. Si la couturière ne dissimule pas cela sous ses foulards parfaitement noués, elle confie avoir recours à la teinture. « J’utilise souvent cela afin d’avoir quelque chose d’uniforme et les faire disparaitre », avoue-t-elle.
La teinture des cheveux et le henné peuvent aider à cacher l’apparition des cheveux blancs, en couvrant les cheveux blancs existants et en offrant une alternative temporaire. C’est ce que confirme Dr Hadi Hakim tout en expliquant que ce sont des solutions temporaires. Les teintures capillaires et le henné donnent ainsi aux cheveux une apparence plus jeune. Cependant, elles comportent des risques. « Les teintures capillaires contiennent généralement des produits chimiques qui peuvent être irritants pour la peau et pourraient endommager les cheveux à long terme », explique le dermatologue.
Voiler à l’aide de perruques
La teinture et le henné ne sont pas les seules alternatives. Le voile et les perruques peuvent s’avérer efficaces. Il y a deux ans, Seynabou Guèye remarque l’apparition de ses premiers cheveux blancs. Horrifiée et complètement paniquée devant le miroir, la trentenaire ne cessait de regarder sa chevelure. Mais le verdict était sans appel. Les cheveux blancs pointaient déjà le bout de leur nez. Une découverte à s’en arracher les cheveux. Seynabou Guèye décide naturellement de couper le mal à la racine. « Cela me dérangeait et je voulais les enlever coûte que coûte », se remémore-t-elle. Mais après les conseils de ses proches, la trentenaire décide de se raviser, car ils risquaient de se multiplier. Avec le temps, elle a appris à les aimer et à les accepter dans sa vie. « Ils ne me dérangent plus, surtout que je porte le voile », avoue-t-elle avec un sourire en coin. Une manière efficace pour voiler ses cheveux gris.
« J’arrive à cacher mes cheveux gris grâce au tissage et aux perruques », révèle Awa Guèye. Ces coiffures sont un moyen pour la comptable d’éviter les regards insistants. « J’essaie de les camoufler, car ce n’est pas très esthétique », dit-elle avec un sourire en coin. Une situation que la femme de 29 ans vit difficilement. Awa Guèye peine à assumer ses cheveux gris qui la « vieillissent avant l’heure ».
Stress, hérédité, les « racines du mal »
Seynabou Guèye a essayé de trouver des explications à cette apparition soudaine de cheveux blancs. « Cela peut être dû au stress, d’après les explications de mes proches », a fait savoir la trentenaire. Cependant, ces explications semblent un peu trop tirer par les cheveux, selon la jeune femme. « Je pense que cela dépend de chaque personne. Nous sommes tous uniques », relativise-t-elle.
« J’ai commencé à apercevoir des cheveux blancs sur ma tête à l’âge de 18 ans », révèle Fatou Mbaye. Le choc passé, la jeune femme se renseigne auprès de son grand-frère. « Il a aussi commencé à avoir des cheveux gris à cet âge, de même que le plus jeune de mes oncles », confie-t-elle. La comptable apprend par la suite que l’apparition des cheveux gris est une affaire de famille. « Ma grand-mère me dit que c’est génétique puisqu’elle les a aussi eus à bas-âge. Mon père n’avait presque plus de cheveux noirs à son cinquantième anniversaire », renchérit-elle.
Assumer sans stress ni chichi
Rougui Lèye a toujours rêvé d’avoir des cheveux blancs comme Aminata Niane, ancienne directrice de l’Apix. La femme de 41 ans voit cela devenir réalité plus tôt que prévu à l’âge de 26 ans. « C’était vraiment intrigant, d’autant plus que je suis la cadette de ma famille », souligne-t-elle. Cependant, cela ne dérange point la jeune femme qui refuse de faire recours à la teinture.
« J’ai commencé à avoir quelques cheveux blancs à l’âge de 15 ans, ensuite à 20 ans, j’ai eu une petite touffe et cela s’est généralisé à l’âge de 30 ans. Je me suis ainsi retrouvée avec des cheveux poivre et sel », narre Fatou Matar Diop. Une apparition qui n’a jamais dérangé la quinquagénaire. « J’ai préféré garder mes cheveux au naturel et avec le temps, c’est devenu une mode », relativise la femme à la peau d’ébène.
Un signe de maturité en islam, selon imam Makhtar Ndiaye
L’apparition des cheveux gris est signe de maturité en islam, selon imam Makhtar Ndiaye. C’est pourquoi le prophète Mohamed (Psl) interdit à un musulman d’arracher ou de raser ses cheveux blancs. Les cheveux blancs constituent chez le musulman une lumière au jour dernier. « L’islam interdit également à un musulman de teindre ses cheveux blancs en noir », renseigne le prêcheur. Néanmoins, il peut les teindre avec du henné comme l’a recommandé la Sunna prophétique.
Arame NDIAYE