Lors de la cérémonie de lancement des «16 jours d’activisme» contre les Violences basées sur le genre (Vbg) dans le numérique, le 25 novembre 2025, les intervenantes ont mis l’accent sur les différentes formes de violences, leur impact sur la santé mentale et la génération connectée.
Les 12 derniers mois, 316 millions de femmes dans le monde, soit 11 % des femmes âgées de 15 ans et plus, ont été victimes de violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire intime. C’est une femme sur 10, a relevé Hélène De Bock, ambassadrice de Belgique au Sénégal.
D’après elle, « en 2024, 50 000 femmes et filles ont été tuées par un partenaire intime ou un membre de leur famille. C’est une femme tuée toutes les 10 minutes », la diplomate. Elle ajoute que dans ce lot, celles qui se suicident suite à un acte de désespoir devant une violence en ligne ne sont pas incluses.
Mme De Bock s’exprimait, le 25 novembre 2025, lors du lancement de la campagne des « 16 jours d’activisme » contre les Violences basées sur le genre (Vbg).
Au Sénégal, le dernier rapport de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) fait état de 31,9 % de femmes ayant subi au moins une forme de violence les 12 derniers mois.
Digital management dans une entreprise de la place, Rabya Khouma a listé les formes de violence les plus répandues au Sénégal. Il s’agit, entre autres, du cyber-harcèlement, du partage non consenti d’images, du « cyber-stalking » dit pistage, du « doxing » avec la diffusion de numéros de téléphones et d’adresses, de l’extorsion et du chantage en ligne, de l’exploitation des mineurs en ligne (le « dooming ») et de l’usurpation d’identité numérique.
De son côté, Mame Fatou Diop, présidente de « Weeruwaay center » (une initiative dédiée à la promotion de la santé mentale non médicale au Sénégal), a indiqué que l’impact du numérique sur la santé mentale des jeunes filles et des femmes, bien qu’invisible physiquement, cause des traumatismes psychologiques réels et durables.
Parmi ces derniers, dit-elle, « il y a l’impact psychologique direct qui se traduit par un stress permanent, une hyper vigilance des troubles du sommeil, une fatigue mentale, une perte de concentration ». Mme d’assurer que « la violence numérique crée une agression continue sans refuge ».
À l’en croire, celle-ci a aussi une incidence sur l’estime de soi, provoque le repli sur soi, l’isolement, l’anxiété, la dépression, le traumatisme et donne parfois des envies suicidaires.
Peur numérique
La présidente de « Weeruwaay center » d’ajouter que « les violences numériques réduisent la capacité des femmes à prendre la parole, à occuper des positions de leadership et à participer aux débats et aux opportunités économiques ».
« Ma génération, la génération connectée, numérique, a grandi avec le téléphone dans la main, mais parfois la solitude dans le cœur. Nous sommes ces générations dont les violences ne laissent ni bleu ni cicatrice, mais qui brisent des vies, car nous sommes confrontés à la violence numérique », a regretté Adja Gaita Ndour, ambassadrice de l’Agenda national des filles.
Sa conviction est que « la violence numérique n’est pas virtuelle, mais réelle ». « Elle blesse, isole, humilie, réduit en silence. Certaines victimes se retournent vers la dépigmentation ou des interventions chirurgicales au péril de leur vie », a-t-elle poursuivi.
Pour Mme Ndour, « il ne suffit plus de savoir, il faut comprendre, reconnaître, agir, protéger, prévenir et transformer, car aucune société ne peut prétendre au progrès tant qu’une partie d’elle vit dans la peur numérique ».
Auparavant, l’ambassadrice de Belgique au Sénégal a déclaré que face à cette urgence mondiale, il faut agir « de manière immédiate et concertée » en se focalisant sur trois dimensions : l’anticipation, la prise en charge de la victime dans les 72 heures au plus tard et le traitement à long terme en vue de faciliter la réhabilitation des survivantes.
Cependant, même s’il reste des défis à relever, des pas importants ont été franchis », s’est réjouie Hélène De Bock.
Le Sénégal dispose de trois centres d’action de prise en charge holistique dédiés aux victimes de Vbg : Kaolack, Kaffrine et Fatick, avec l’appui de l’Agence belge de développement (Enabel).
Hadja D.GAYE

