Le « Soleil », c’est une idée d’un poète, ancien chef d’Etat. Une idée qui a fait son chemin, portée par d’illustres et de brillantes générations qui en ont fait ce qu’il est aujourd’hui : un patrimoine national qui rayonne au-delà des frontières du Sénégal.
Tout au début, c’était une petite équipe. Composée de sept journalistes dont trois assistants techniques de la coopération française. Dans un cadre modeste, « une pièce austère », pour reprendre le journaliste Moussa Paye qui précise le lieu d’émergence du quotidien national : un local au bout de ce qui fut la rue Thiers (actuelle Rue Amadou Assane Ndoye) où dans une pièce unique, prennent place, autour d’une longue table métallique, le gérant, le rédacteur en chef et sept reporters. Et puis, l’équipe s’agrandit. « Presque tous ceux qui étaient à Dakar-Matin rejoignent le Soleil : Edou Correa, Serigne Aly Cissé, Abdoulaye Ba, Emile James Senghor, Julien Sané, Aly Kheury Ndaw et Jules Charles Diallo », nous dit le journaliste-universitaire Mamadou Koumé qui ajoute : « Comme photographes y avait Ahmed Diawara et Ousmane Diallo.
Bara Diouf était rédacteur en chef et Aly Dioum, directeur politique. Ce dernier sera remplacé plus tard par Philippe Gaillard. Un francais qui était Conseiller de Senghor ». On le voit : le Soleil, c’est d’abord un projet du président-poète, Léopold Sédar Senghor qui a voulu doter le Sénégal d’un quotidien national « digne de ce nom et reflétant la pensée politique du gouvernement sinon du parti ». Il faut dire que le contexte était chargé. Le pays venait de traverser les douloureux événements de mai 1968 qui avaient ébranlé le pouvoir. Un journal de référence Avec l’envahissement des rues par les étudiants, les ouvriers et les travailleurs, « Senghor a senti la nécessité d’avoir un quotidien proche du pouvoir». C’est ainsi qu’est née la Société sénégalaise de presse et de publication (Sspp) en février 1970 qui a donné naissance en mai, exactement le 20 mai 1970, le quotidien national le « Soleil ». Ce nom « Le soleil », on le doit au président Senghor. Ce dernier avait dit: « et si on l’appelait ‘’le Soleil’’ », confie Lune Tall, ancien directeur de la rédaction.
Et si la liaison avec le parti-Etat était permanente, le Soleil, porté par de brillants journalistes, certainement les mieux formés d’Afrique, s’est, au fil des ans, offert une marge de liberté, s’adaptant au contexte politique et à l’évolution démocratique du Sénégal. Preuve de ce changement de cap : le directeur général du Soleil n’est plus automatiquement membre du Bureau Politique du parti au pouvoir. Mieux, tout le monde a sa place dans les colonnes du journal. Opposants comme autres voix discordantes. Les années passent mais le Soleil a su rester ce journal de référence, professionnel et rigoureux. Attaché aux principes du journalisme et à l’intérêt général. De Aly Dioum à Lamine Niang en passant par Bara Diouf, Alioune Dramé, Ibrahima Gaye, Elhadji Kassé, Mamadou Sèye, Cheikh Thiam et Yakham Mbaye, tous se sont évertués à rester fidèles à l’idée du père fondateur. Chacun a essayé de faire progresser le journal avec des investissements soutenus. Et aujourd’hui, le quotidien national a un levier sur lequel il peut s’appuyer pour encore briller : une imprimerie de dernière génération. Un maillage territorial. Un cadre de travail nettement amélioré.
Avenir prometteur
Le journal se vend mieux et bien. Des équipes (rédaction et administration) rajeunies. De passionnés reporters sont recrutés et envoyés dans les régions, trouvant sur place des bureaux bien équipés. Et, puis, il y a surtout que le Soleil offre plus à lire. De nouvelles rubriques. De riches et variés reportages. Une information régionale davantage valorisée. Encore et toujours plus ouvert, plus équilibré et plus professionnel. Tout cela a logiquement boosté le nombre de lecteurs et de partenaires du quotidien national. On l’a dit : chaque directeur, de 1970 à nos jours, a fait ce qu’il a pu, s’appuyant sur les acquis et l’engagement du personnel de l’entreprise.
Le directeur général Ibrahima Gaye reste, à titre d’exemple, comme étant celui qui a amorcé le processus de modernisation du quotidien national. C’est sous son règne (1994-2000) que le Soleil a acquis, en 1998, « Solna », une imprimerie « de dernière génération » achetée à plus d’un milliard Fcfa. D’autres projets et initiatives ont été lancés avant ou après le Dg Gaye, avec des résultats mitigés. Mais force est de constater que l’arrivée de Lamine Niang, en juin 2024, sonne comme si un nouveau quotidien national venait de voir le jour. En effet, l’actuel directeur général a su remobiliser le personnel comme jamais ou rarement qu’auparavant. Avec un style de management inclusif, centré sur l’humain. Favorisant un climat social apaisé. Améliorant sans cesse le cadre de travail. Lamine Niang s’est aussi et surtout illustré par les initiatives. Beaucoup de partenariats, des dizaines de magazines, un hebdo en arabe etc. Bientôt « Soleil du Sud » et « Soleil des Sports ». Mais l’initiative phare de Lamine Niang est incontestablement le « Soleil digital ». Avec ce nouveau supplément, à la pointe des mutations, le quotidien national bascule sûrement dans un avenir prometteur.
Par Abdoulaye DIALLO