Émigré basé en France, I. Badji qui passait en vacances au Sénégal, est accusé de viol et pédophilie par sa fille N. M. Badji, âgée de 16 ans en 2021. Le parquet général a requis 20 ans de réclusion criminelle. L’accusé a catégoriquement nié les faits, pointant du doigt la grand-mère maternelle de son enfant.
En 2005, la fille de la dame A. Ndiaye, sur qui elle fondait beaucoup d’espoirs, a été engrossée par leur voisin I. Badji. De cette relation est née N. M. Badji qui a été confiée à sa grand-mère A. Ndiaye depuis ses 4 mois. En novembre 2021, sa petite-fille a commencé à se recroqueviller sur elle. Ses notes avaient considérablement baissé.
Devant l’insistance de son répétiteur M. Fall qui voulait savoir ce qui clochait, elle a soutenu avoir été violée par son papa, un émigré basé en France chez qui elle passait les vacances à Toubab Dialaw. M. Fall a conseillé à la petite d’en parler à un membre de sa famille. N. M. Badji s’en est ouvert à sa grand-mère. Une plainte a été déposée par celle-ci, à l’insu de sa maman M. Diaw, que la famille ne voulait pas inquiéter vu son état de grossesse et sa santé mentale fragile. Revenu de la France, I. Badji a été interpellé chez lui à Toubab Dialaw en décembre 2021, avant de bénéficier d’une liberté provisoire au bout de 10 mois de détention.
Sous bracelet électronique, il comparaissait hier, à la barre de la chambre criminelle de Guédiawaye pour viol et pédophilie. Le procès a duré cinq heures. D’une voix tremblante, la partie civile a expliqué que son père s’était rendu quatre fois dans sa chambre en août 2021, pour faire des attouchements sur ses parties intimes. En début septembre, prétextant une conversation sur ses études en France, il a réussi à la violer deux fois, avant de plonger dans les bras de Morphée, comme si de rien n’était.
Né en 1972, ingénieur, I. Badji a expliqué qu’en décembre 2021, vers 23 h, il a reçu un coup de fil de Mme A. Ndiaye qui l’a insulté et accusé du viol sur sa petite fille. L’accusé dit être tombé des nues parce qu’il a toujours tenu à ce que cette dernière soit mise dans les meilleures conditions possibles. À cause de cette affaire, Badji a perdu son boulot et toutes ses sociétés. La maman de N. M. Badji lui a dit que son enfant lui en voulait de ne pas l’avoir amenée en France.
«Sa grand-mère a éduqué ma fille à me haïr et a monté cette affaire contre moi», a soutenu l’accusé. Mme A. Ndiaye, M. Fall, S. Dione et A. Sène, respectivement grand-mère, répétiteur, beau-père de la partie civile ainsi que la belle-fille de l’accusé, ont défilé devant la barre comme partie civile et témoins. Les deux conseils de N. M. Ndiaye ont salué le courage et le désir de vérité de la partie civile et n’ont pas réclamé d’argent. «C’est une affaire délicate, douloureuse et effrayante dans laquelle la partie accusatrice est restée invariable», a noté la représentante du parquet général qui a requis 20 ans de réclusion criminelle.
De l’avis des 4 conseils de la défense, il n’y a aucune preuve du viol. Par contre, N. M. Badji était jalouse que son père projette d’amener A. Sène en France et pas elle. C’est pour cela qu’elle a inventé cette affaire. «Qui fait du faux, ment. Qui ment une fois peut le faire d’autres fois. En présence de 5 personnes, faire des attouchements sur sa propre fille de 16 ans, c’est impossible. Et c’est elle qui prépare l’anniversaire de son bourreau. Le lendemain du prétendu viol, elle a fait la grasse matinée», a relevé la défense qui a plaidé l’acquittement au bénéfice du doute. Le délibéré a été fixé au 8 juillet.
Hadja Diaw GAYE