L’affaire dite « Kocc Barma » prend une nouvelle tournure après de troublantes découvertes effectuées par les enquêteurs de la Division spéciale de cybercriminalité (DSC).
Le mis en cause, El Hadji Babacar Dioum, présenté comme le cerveau du réseau, a été déféré au parquet pour une longue liste de chefs d’accusation, dont association de malfaiteurs, extorsion de fonds, atteinte à la vie privée, blanchiment de capitaux, faux et usage de faux, et diffusion de contenus à caractère pornographique et pédopornographique.
Selon le journal Libération, les enquêteurs ont mis la main sur un disque dur numérique d’une densité glaçante. Sur le MacBook Pro 13 pouces de Dioum, ils ont extrait 9 000 fichiers classés dans un dossier intitulé « Paid Not to Publish ». Il s’agit, selon les éléments de l’enquête, d’un registre méticuleux de victimes ayant payé pour empêcher la diffusion de leurs sextapes. L’une d’elles aurait versé 2 millions de francs CFA, une autre 9 668 euros.
Outre ce fichier central, les forces de l’ordre ont retrouvé sur l’ordinateur un autre dossier dénommé « Newgirl », contenant pas moins de 4 191 vidéos et photos à caractère sexuel, recensant de potentielles cibles. Un fichier intitulé « Nouveau dossier 4 » regroupe quant à lui 147 contenus pornographiques.
La DSC ont également retracé les flux financiers suspects. Entre juillet 2017 et avril 2025, El Hadji Babacar Dioum a reçu, sur un compte ouvert à la CBAO, 50,428 millions de francs CFA en provenance d’un complice présumé actuellement en fuite. Sur la même période, la plateforme de monétisation Exoclick lui aurait versé environ 43 millions de francs CFA. Une partie de ces fonds aurait été recyclée à travers des entreprises telles que « Mba Authority », spécialisée dans la vente de véhicules, et Eddy’s, un restaurant dans lequel les enquêteurs ont découvert un brouilleur de signal dans le bureau de Dioum lors d’une perquisition.
D’autres éléments compromettants ont été saisis à son domicile situé à Ngor. Les policiers y ont trouvé une fausse plaque sur laquelle figurait l’inscription « Section des accidents » avec le sigle officiel de la police nationale, ainsi qu’un lot de faux carnets de vaccination.
L’affaire, qui secoue l’opinion publique, pourrait révéler un réseau beaucoup plus vaste. L’enquête en cours explore désormais des pistes transfrontalières avec des ramifications dans plusieurs secteurs d’activités.