Sous le pseudonyme « Kocc Barma », se cache un présumé cybercriminel spécialisé dans le chantage financier opéré à partir de vidéos à caractère sexuel. Après 7 années de traque, d’El Hadj Babacar Dioum, suspecté d’être l’un des principaux animateurs de plateformes pornographiques accusées de diffuser des contenus intimes sans consentement, a été arrêté le 17 juillet dernier.
été arrêté le 17 juillet dernier. Depuis 2018, des Sénégalais ne cessent de se plaindre des agissements de « Kocc Barma ». Il s’agit de l’administrateur présumé du site « Seneporno », accusé d’extorsion de fonds et de chantage via des vidéos ou photos intimes de ses victimes. Après des années de traque, c’est le 17 juillet dernier que le nommé El Hadj Babacar Dioum a été appréhendé. Il est soupçonné de se cacher sous le pseudonyme de « Kocc Barma ». Rien qu’à l’évocation de son nom, certaines femmes cèdent au chantage de leur bourreau avant de se résigner à saisir la justice. Plus d’une fois, des victimes de chantage sexuel ou d’extorsion de fonds ont déclaré à la barre du tribunal : « Je lui ai envoyé de l’argent car il menaçait d’envoyer mes images à Kocc » ; « J’ai accepté de coucher avec lui car il menaçait d’envoyer mes images à Kocc. »
En effet, les victimes qui refusaient de céder au chantage voyaient leurs images diffusées sur le site « Seneporno ». Depuis 2018, plus de 5.000 plaintes ont été déposées contre « Kocc ». Selon les éléments de la procédure, plus de 9.000 fichiers organisés en dossiers titrés Paid not to publish (« payés pour ne pas être publiés »), 407 sextapes identifiées classées dans un dossier nommé Seneg, un autre dossier, Newgirls, contenant 4.191 vidéos et photos de potentielles futures cibles, ainsi que des répertoires comme Film, WhatsApp unknown, Preuve, ont été trouvés. De même que 18 téléphones portables. Parmi les victimes : des personnes mineures et majeures issues de toutes les catégories socio-professionnelles. Personnalités publiques, politiques, étudiants, ménagères, journalistes…
Tous, leur seul tort a été d’avoir été filmés dans des moments d’intimité, avec ou sans leur consentement. Certaines victimes ont perdu leur téléphone ; d’autres ont été trahies par des proches, surtout des ex-conjoints. Toujours est-il que, depuis l’arrestation de « Kocc » suivie de son placement sous mandat de dépôt, des langues commencent à se délier du côté de ses présumées victimes. L’enquête révèle que 93 millions de FCfa ont été encaissés. Parmi elles, la célèbre danseuse Mbathio Ndiaye. Elle accuse l’administrateur présumé du site « Seneporno » de chantage sexuel, de diffusion d’images intimes, mais aussi d’extorsion de fonds. À l’en croire, « Kocc Barma » a tenté de la contraindre à lui verser de l’argent ou à céder à des avances sexuelles en échange de la non-publication de ses photos intimes. « Je lui disais de publier s’il le voulait. Et il s’exécutait sans aucune gêne. Il diffusait mes images sur son site », raconte Mbathio Ndiaye à nos confrères de L’Observateur.
La danseuse dit aujourd’hui vouloir aller jusqu’au bout de cette affaire, non seulement pour elle-même, mais aussi pour toutes les autres victimes silencieuses de cyber-harcèlement et de vengeance pornographique. Elle a porté plainte et confie avoir été appelée par des enquêteurs de la cybersécurité. Une autre animatrice affirme que son image a été utilisée dans un montage vidéo et publiée sur le site pour adultes « Babiporno ». La liste est loin d’être exhaustive et l’enquête n’a pas encore révélé tous ses secrets, puisque la justice est à la recherche d’éventuels complices, même au-delà des frontières sénégalaises.
Par Fatou SY