Alpha Diallo, guide touristique : Sauveur des exclus du système éducatif

Alpha Diallo
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Figure emblématique du tourisme dans la région de Kédougou, Alpha Diallo incarne l’espoir pour de nom­breux jeunes. Son parcours est ja­lonné de projets visant à améliorer les conditions de vie des populations locales notamment les jeunes filles et garçons exclus du système éducatif.

De prime abord, rien ne le distingue des autres membres du campement « Tako Mayo » dont il est le fon­dateur. Alpha Diallo est d’une simplicité déconcertante. A notre descente du véhicule, il serre, chaleureusement, la main à chacun de nous tout en présentant ses excuses. « La batterie de mon téléphone s’est déchargée et j’imagine que vous avez tenté de me join­dre en vain. Je suis vraiment désolé », lance-t-il. L’accueil de ses collaborateurs est tout aussi chaleureux. Ils portent tous des tee-shirts rouges floqués de trois cases avec l’ins­cription « Guide Tako Mayo ».

Guide professionnel avec une trentaine d’années d’expérience, Alpha Diallo essaie de tracer son sillon dans le tourisme. Avec une certaine réussite même si, précise-t-il, les difficultés ne manquent pas.

Le premier guide de Dindéfélo se distingue par ses actions en faveur de sa communauté avec l’aide de son partenaire, la famille de Susana. Son parcours est jalonné de projets visant à améliorer les conditions de vie des populations locales. En partenariat avec l’association « Bassari », il a créé un centre de formation en couture pour venir en aide aux jeunes filles exclues de l’école publique. Les résultats parlent d’eux-mêmes. 128 filles sont déjà formées dans les métiers de la couture, de la broderie et du maraichage. Dix-sept sont en formation, 28 en attente. Beaucoup frappent à la porte de l’atelier, son centre de formation érigé au campe­ment « Tako Mayo ». « La réussite des pre­mières apprenantes a inspiré d’autres filles et leurs parents. Toutes les filles qui ont abandonné les études veulent suivre une formation au centre », renseigne Idrissa Camara, formateur à l’atelier.

Malgré la modicité de ses moyens, Alpha Diallo veut faire plus. L’homme a une phi­losophie particulière de la vie : pour lui, la richesse est dans le partage. « La fortune ne se mesure pas aux chiffres de mon compte bancaire mais aux réalisations faites au profit de ma communauté », affirme-t-il. Alpha Diallo a toujours le coeur sur la main, en mettant ses compétences et son énergie au service de ses concitoyens. Une manière pour lui de remercier toutes les personnes qui l’ont aidé à devenir ce qu’il est. « J’ai perdu mon père à l’âge de 15 ans et beaucoup de gens m’ont aidé, soutenu. Je dois rendre l’ascenseur à mes jeunes frères et soeurs », rappelle Alpha Diallo.

Conscient que tous les enfants de sa com­munauté n’auront pas la même chance que lui, il essaie de donner le coup de pouce salvateur. Avec son association, il construit des écoles, creuse des puits pour alléger les travaux des femmes et des jeunes filles no­tamment la corvée d’eau. « Si les femmes ont du temps, elles peuvent se livrer à des activités génératrices de revenus comme le maraîchage ou le petit commerce », confie Alpha Diallo.

Si les filles ne réussissent pas à l’école, il les récupère pour les former en couture et broderie, en posant deux conditions : pas de mariage avant 19 ans et obligation de terminer la formation qui dure 12 mois. Une fois inscrite, les apprenantes sont lo­gées et nourries gratuitement pendant toute la durée de la formation. « L’internat per­met de lutter contre les abandons. Les pen­sionnaires ou leurs parents ne pourront pas avancer des difficultés pour arrêter la for­mation », explique-t-il. Une bonne stratégie. Jusqu’ici, aucun abandon.

Un parcours d’altruiste

Installé à Afia 1 ou Thiabacaré depuis 2014, le chef de village ne s’attendait pas à autant de retombées à la création du cam­pement. « L’implantation du campement à Afia 1 est une bénédiction pour tout le village. Grâce à Alpha Diallo, nos condi­tions de vie se sont considérablement amé­liorées. Nous n’allons plus à Dindéfélo ou à Kédougou pour se soigner », témoigne Amadou Oury Bâ. « J’ai vécu 25 ans hors du village dont une dizaine d’années à Dakar en exerçant de nombreux boulots (vendeurs de journaux, livreur, laveur de véhicule. Mais c’est la première fois que je vois un homme comme Alpha Diallo. Il investit sans compter et aide beaucoup les populations », renchérit Hawka Touré, la quarantaine habitant à Thiabacaré.

Marié à une épouse et père de trois enfants, Alpha Diallo est une âme généreuse. De son activité, il fait tout pour que les béné­fices rejaillissent sur toute sa communauté. Il a étendu la formation aux garçons en décrochage scolaire ou qui veulent béné­ficier d’une formation professionnelle. Qua­rante-cinq garçons sont déjà formés en plomberie, soudure métallique, électricité et en conduite automobile. « Si les jeunes ont une qualification professionnelle, ils ne seront pas tentés par l’émigration irré­gulière », explique Alpha Diallo. Pour don­ner plus d’ampleur à la formation profes­sionnelle, dans ces métiers, il est en train de construire une école de formation à Din­défélo, le chef-lieu de commune.

En créant le Campement « Tako Mayo », l’homme a concrétisé son rêve de dévelop­per une activité économique qui profite aux populations locales. Son campement est bien plus qu’un simple lieu de séjour. L’endroit est authentique et chaleureux, il permet au visiteur de se ressourcer en pleine nature tout en contribuant au développe­ment du terroir. « Je pouvais faire comme mes collègues guides qui ont épousé des femmes blanches et qui vivent actuellement en Europe. Mais après des séjours en France et en Espagne, j’ai compris que ce ne n’était pas ma voie », avance-t-il.

Avec le recul, Alpha Diallo peut être fier de son parcours. Il emploie neuf personnes et parle autant de langues dont le français, l’espagnol, l’anglais. « Alpha Diallo est ce qu’il faut appeler un self made man. Avec une seule année dans l’école formelle, il s’est fait tout seul. Avec une passion déme­surée pour le tourisme depuis sa tendre en­fance, Alpha incarne ce qu’on appelle réus­sir au Sénégal », témoigne Carim Camara. Il est dithyrambique quand il parle de son ami. « On ne peut pas lister sans se tromper ses nombreux bienfaits pour les commu­nautés locales. Il forme des centaines de filles sorties prématurément de l’école, construit des cases de santé, organise des journées de consultations gratuites. Il a re­donné la vue à des dizaines de personnes souffrant de la cataracte, formé une cin­quantaine de jeunes aux métiers du futur… Mieux, sa voiture transporte des malades au besoin. Alpha emploie plusieurs jeunes des villages. »

Le maire de Dindéfélo ne tarit pas non plus d’éloges sur le fondateur du campement « Tako Mayo ». « Alpha Diallo est un exem­ple inspirant de ce que peut être l’engage­ment d’un individu pour améliorer le quo­tidien de sa communauté », confie Kikala Diallo. Une belle reconnaissance.

Par Mamadou GUEYE

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