Mis en place fin mars sur recommandation du Khalife général des mourides, le cadre de concertation des acteurs de l’eau de la commune de Touba-Mosquée regroupant l’Office des forages ruraux (Ofor), la mairie, Touba Ca Kanam, entre autres s’est réuni ce vendredi pour dresser un bilan d’étape, un mois après sa mise en place.
La rencontre s’est tenue sous la supervision du sous-préfet de Ndame, en présence du directeur général de l’Ofor, Serigne Mbacké Dieng, qui a présenté une feuille de route visant à faire face aux défis liés à l’approvisionnement en eau dans la ville sainte.
À la création du cadre, sept forages étaient hors service, à l’exception de celui de F. Kébé, à l’arrêt depuis 2023. Selon M. Dieng, six de ces sept forages ont été remis en état, tandis que celui de F. Kébé, totalement dégradé, devra être entièrement reconstruit. L’État s’est d’ailleurs engagé à réaliser un nouveau forage en remplacement.
Touba compte actuellement 43 forages en activité, avec une capacité théorique de production estimée à 142 000 m³ d’eau par jour, censée desservir près de 2 millions d’habitants. Pourtant, les difficultés d’approvisionnement persistent. La cause ? Un rendement du réseau inférieur à 50 %, essentiellement dû à de nombreuses fuites.
Audits externes, châteaux d’eau à réhabiliter
Le directeur général de l’Ofor a expliqué que des audits hydrauliques et électriques ont révélé des anomalies sur la quasi-totalité des 43 forages : colonnes d’aspiration percées, pompes endommagées, câbles d’alimentation inadaptés, etc. Ces défauts expliquent la fréquence des pannes. Une maintenance préventive de l’ensemble du parc de forages est donc en cours, afin de réduire les interruptions de service et d’améliorer la fiabilité du réseau.
Cependant, Serigne Mbacké Dieng a souligné la nécessité d’une révision des spécifications techniques des équipements, en raison notamment de la nature saumâtre de l’eau dans certaines zones. « Aucune des pompes actuelles ne dure plus de deux ans, alors qu’elles devraient fonctionner au moins cinq à dix ans », a-t-il précisé.
Des audits techniques indépendants sont également en cours pour guider le cadre dans la gestion du réseau, incluant maintenance et exploitation. Sept châteaux d’eau, hors service malgré des pannes mineures, doivent être remis en état afin de limiter les refoulements directs, jugés peu efficaces.
Des opérations de géo-détection ont aussi débuté sur l’une des plus anciennes canalisations de Touba, datant des années 1950. Objectif : identifier les fuites, moderniser les branchements et abandonner les infrastructures obsolètes.
Des projets d’envergure en cours
À partir du mois prochain, des campagnes de réparation des fuites seront lancées. Seuls des plombiers agréés seront autorisés à intervenir pour garantir des branchements conformes. « Aujourd’hui, n’importe quel matériel est utilisé pour les branchements. Ce n’est plus acceptable », déplore le DG de l’Ofor.
Concernant la sécurisation, il a annoncé que toutes les vannes du réseau seront désormais installées dans des regards verrouillés, afin d’éviter les manipulations non autorisées.
L’État prévoit également de renforcer le réseau en construisant de nouveaux forages pour remplacer ceux en fin de vie ou totalement arrêtés, comme F. Kébé, Darou Marnane, ou encore Keur Kabe. Le système d’alimentation de Ndindy Tawfekh et de Mbacké Barry, comprenant un forage, un château d’eau et un réseau, est déjà en cours de réalisation.
Enfin, deux grands réservoirs de 6 000 m³ chacun sont en construction, avec une inauguration prévue d’ici la fin juin. À cela s’ajoute un château d’eau de 500 m³, récemment achevé.
Birane DIOP (correspondant)