La commune de Tivaouane Peulh est confrontée à un déficit criant de liquide précieux. Moins de dix quartiers sur la cinquantaine que compte cette commune dispose d’un système d’adduction d’eau. Face à cette situation, des populations vivent au jour le jour une situation chaotique. Aujourd’hui, elles appellent les autorités à prendre les devants afin de régler ce problème.
Sur la Vdn3, de Malika à Tivaouane Peulh, la route est dans un bon état. Le trafic est fluide ce matin. Cette route a participé au désenclavement de cette zone de Keur Massar, Tivaouane Peulh, Niague, etc. Arrivé au rond-point Mandoumbé, la déviation qui mène vers Tivaouane Peulh et Apix, l’activité économique bat son plein. Ce lieu est la plaque tournante du commerce. En cette mi-journée, le climat est clément. Le quartier Médinatoul Mounawara à Tivaouane Peulh est très calme. Les bruits qui résonnent viennent des coups de marteau des maçons qui sont à pied d’œuvre dans les chantiers.
Dans ce quartier, il n’existe aucune route bitumée. Ce sont plutôt des ruelles ensablées qu’on voit partout. Ici, ce sont les charrettes, les taxis «clando» et motos « Jakarta » qui prennent en charge le transport des personnes et des biens. Ils sont nombreux dans les coins. Dans les artères des quartiers, aucune trace d’un tuyau d’eau ou d’un branchement n’est visible. Cependant, des bonnes volontés ont mis des robinets à la devanture de leurs maisons pour venir à la rescousse de certaines personnes démunies.
Le quotidien éprouvant des habitants
Sur les terrasses, on voit de loin de grands réservoirs d’eau qui sont installés. Dans certains coins, la présence de bouteilles de 20 litres destinées à conserver l’eau, explique à suffisance le calvaire des populations. Ce problème est sur toutes les lèvres et ne laisse personne indifférent. Certains font montre d’un grand intérêt pour livrer leur opinion là-dessus. Le débat fait rage et la question qui revient en boucle est : « À quand cette situation va connaître son épilogue » ? Selon le délégué de quartier Moustapha Niass Sow, outre son quartier d’autres localités telles que Nimzat Salihine, Nimzat Almadies, Almadies Vdn3, quartier Baldé et quartier Diawara, subissent le même sort. Sadio Sow, habitante du quartier Médinatoul Mounawara, est sans répit depuis que sa pompe « Jambar » est tombée en panne. Aujourd’hui, elle enchaîne les va-et-vient chez les voisins pour s’approvisionner en eau. Pour elle, une ressource vitale telle que l’eau doit être à la portée de tout le monde. « Nous vivons une situation désastreuse due au manque d’eau.
Ce problème pousse parfois certains à avoir recours à la violence. Je me rappelle que dans un de nos puits, un de mes garçons avait reçu un coup de machette au bras lors d’une embrouille avec un éleveur qui voulait donner à boire à son troupeau » se souvient la vieille dame, le cœur meurtri. La mauvaise qualité de l’eau issue de la nappe phréatique porte préjudice aux habitants qui font face aux maladies diarrhéiques. Chaque jour, les populations en quête du liquide précieux vivent le calvaire. Une situation qu’elles déplorent avec la dernière énergie appelant ainsi les autorités à prendre en charge leur principale préoccupation.
D’après les témoignages, ce problème date de plusieurs années. Certains, qui habitent la localité depuis les années 2010, témoignent qu’en ces temps, la situation était plus compliquée. C’est le cas de Soumaya Camara qui garde des souvenirs indélébiles. « Je fais partie des premiers habitants ici, mais ce problème est inexplicable. Au temps, il n’y avait pas d’électricité et tous les jours nous étions obligés de chercher de l’eau dans les puits même la nuit dans une insécurité totale. Toutes sortes d’immondices se trouvaient dans les puits. On y trouvait des animaux morts qui laissaient une odeur nauséabonde. Sans solution, nous mettions du javel pour pouvoir utiliser l’eau. Il y avait souvent des batailles rangées autour du puits. C’était inimaginable », lance-t-elle.
Cette vendeuse est dans tous ses états parce que, dit-elle, c’est une vieille doléance que les populations ont porté partout. Mais jusqu’ici, ajoute-elle : « Aucune réalisation concrète n’a été faite pour que ce problème soit résolu ». Assise à côté d’elle, Adama Ndao s’invite à la discussion. Elle est préoccupée par l’éducation des enfants. Selon elle, les enfants se réveillent très tôt pour chercher de l’eau avant d’aller à l’école. Ceci les met dans une situation inconfortable pour étudier convenablement. Les pompes jambar comme alternative Aujourd’hui, l’électricité semble apporté une bouffée d’oxygène à certains. Ceux qui en ont les moyens bien sûr. Ils trouvent comme alternative de mettre en place des pompes émergentes qui émanent de l’électricité pour alimenter les maisons du liquide précieux, tiré de la nappe. Mais cette eau souterraine n’est pas filtrée, elle est souvent impropre à la consommation. Pour d’autres, les moins nantis, les puits constituent leur dernier rempart.
Plusieurs quartiers sans accès à l’eau potable
Il y a aussi ceux qui préfèrent acheter des bouteilles d’eau quotidiennement pour satisfaire leurs demandes en consommation de la ressource vitale et cela représente, pour eux, une dépense importante. En effet, Moustapha Niass Sow, délégué du quartier de Médinatoul Mounawara à Tivaouane Peulh, soutient avoir fait toutes les démarches nécessaires pour avoir un branchement d’eau auprès des autorités. Mais en vain, souligne-t-il. Les papiers qu’il garde jalousement avec lui en sont la preuve. Entre autres, des demandes d’adduction d’eau adressées aux autorités sont toujours sans réponse. « Notre quartier, d’après le dernier rapport de l’Ansd (Agence nationale de la statistique et de la démographie) a plus de 600 maisons et nous n’avons aucun branchement en eau. Cette situation est vraiment déplorable.
Le réseau de Kms 3 est passé à moins de 100 mètres de chez moi et jusqu’à nos jours les autorités peinent à nous offrir de l’eau potable. Au temps du régime de Macky Sall, nous avions effectué plusieurs demandes et des techniciens avaient multiplié les visites mais jusqu’ici la situation reste inchangée », se désole-t-il. À l’en croire, dans la commune de Tivaouane Peulh qui regroupe plus de 50 quartiers, moins de 10 quartiers disposent d’un système d’adduction d’eau provenant du réseau de la Sen eau. « C’est un problème devenu général ici. Nous lançons un appel aux autorités pour qu’elles trouvent une solution à nos doléances, car l’eau que nous avons n’est pas de bonne qualité et peut causer un problème de santé publique avec de nombreuses maladies qui guettent nos enfants telles que la diarrhée » a-t-il renseigné
Bada MBATHIE (KEUR MASSAR-Correspondant)
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