Dans une question écrite adressée au ministre de l’Intérieur, le député Papa Tahirou Sarr alerte sur l’ampleur préoccupante que prend la mendicité à Dakar, en particulier celle exercée par des ressortissants étrangers. Il fustige une situation devenue, selon ses termes, « intenable », marquée par une occupation incontrôlée de l’espace public par des mendiants, notamment « originaires du Mali, de la Guinée et du Niger ».
Dans ce document daté du 5 mai 2025, l’élu rappelle que la loi sénégalaise, via l’article 245 du Code pénal, interdit formellement la mendicité sur la voie publique, hors contexte religieux. Une interdiction qui, à ses yeux, est ouvertement bafouée dans une indifférence quasi-généralisée. « Les contrevenants opèrent à visage découvert, en toute impunité », s’insurge-t-il.
Par ailleurs, Papa Tahirou Sarr met en lumière l’attitude paradoxale de certains pays d’origine. Il cite en exemple le Niger, qui interdit strictement cette pratique sur son territoire tout en fermant les yeux — voire en tolérant — sa prolifération à l’étranger. Une posture que le député juge inacceptable pour un État souverain. Il y voit une remise en cause de « la souveraineté territoriale et juridique » du Sénégal.
Dans cette perspective, il appelle le gouvernement à réagir avec fermeté. Il propose l’instauration de mécanismes rigoureux de contrôle, d’identification et, si nécessaire, de reconduite à la frontière des mendiants étrangers en situation irrégulière.
Dans sa lettre, le député interpelle directement le ministre de l’Intérieur à travers une série de questions :
Pourquoi les dispositions claires du Code pénal interdisant la mendicité sur la voie publique ne sont-elles pas appliquées, alors même que les contrevenants opèrent à visage découvert, quotidiennement, et en toute impunité dans les rues de Dakar ?
Quelles mesures le gouvernement entend-il prendre pour contrôler effectivement les conditions d’entrée et de séjour des ressortissants étrangers pratiquant la mendicité dans notre pays, particulièrement ceux venant du Niger, dont l’État interdit pourtant cette pratique sur son propre territoire national ?
Existe-t-il une stratégie nationale de lutte contre la mendicité importée et organisée, et si oui, quelles en sont les modalités d’application concrète ?
Le ministère compte-t-il mettre en œuvre une politique d’identification, de contrôle et, le cas échéant, de reconduite aux frontières des mendiants étrangers en situation irrégulière ou en violation manifeste de nos lois ?
Samboudian KAMARA