Considéré comme le plus vaste cimetière de Touba, Bakhiya est un lieu de repos éternel pour de nombreux mourides. Du rite de la toilette mortuaire jusqu’à l’enterrement, le Dahira Moukhadimatoul Khidma, responsable de sa gestion, assure une organisation impeccable pour accompagner les défunts dans leur dernier voyage.
TOUBA – Inauguré en janvier 2014 sur les conseils de Serigne Sidi Mokhtar Mbacké, le khalife général des mourides de l’époque, le cimetière Bakhiya se trouve à l’est de Touba, à seulement 4 km de la grande mosquée. Depuis son ouverture, le Dahira Moukhadimatoul Khidma a renforcé les mesures de contrôle. Afin de mieux se conformer aux préceptes de l’islam, des sessions de formation ont été mises en place pour tous les travailleurs, de la morgue jusqu’à l’enterrement. « Bien qu’il existe plusieurs méthodes pour effectuer la toilette mortuaire, nous avons choisi d’uniformiser notre approche pour nos agents », a expliqué Makhtar Kane, membre de la commission d’organisation du Dahira Moukhadimatoul Khidma, chargé de la gestion de la grande mosquée de Touba et du cimetière de Bakhiya.
Il est important de souligner que la toilette mortuaire est généralement réservée aux proches du défunt qui peuvent choisir la personne de leur choix pour cette tâche. « Par exemple, une femme peut réaliser la toilette mortuaire pour son mari. Nous le permettons ici, mais cela doit se faire sous la supervision de nos membres », précise Makhtar Kane. Après cette étape, une nouvelle organisation s’installe dans le cimetière. L’espace est soigneusement aménagé et divisé en parcelles, chacune portant un numéro de série attribué à chaque défunt. Selon lui, cette disposition permet aux visiteurs de retrouver facilement les tombes de leurs proches grâce à des pierres tombales numérotées. Le contrôle des décès avant leur enterrement est d’une importance cruciale pour le Dahira Moukhadimatoul Khidma. D’après Makhtar Kane, rien n’est fait à la hâte au sein de la morgue. Selon lui, cette institution est administrée par des professionnels aguerris. « Ils ont reçu une formation spécialisée dans ce domaine », souligne-t-il.
15.000 FCfa pour un enterrement
La prise en charge des défunts à Bakhiya n’est pas gratuite. Comme le souligne un représentant de l’établissement, « nous sommes une structure privée », précisant toutefois que certaines personnes, comme les cas sociaux et les enfants de 0 à 10 ans, peuvent bénéficier d’une prise en charge gratuite. En dehors de ces exceptions, il faut prévoir de 15.000 FCfa pour l’enterrement d’un défunt à Bakhiya. Cette somme couvre l’ensemble des frais, incluant la toilette mortuaire, le linceul, la tombe, le tableau et bien d’autres services. Matar Kane a souligné que cette somme peut être augmentée pour ceux qui le souhaitent. Toutefois, selon ses dires, le Dahira met l’accent sur la solidarité à travers toutes ses actions.
C’est pourquoi, dit-il, Touba demeure l’endroit où les dépenses liées aux défunts sont les moins élevées. « On ne peut perdre un être cher, et également perdre beaucoup d’argent », a-t-il ajouté. Les personnes responsables de la toilette mortuaire reçoivent une rémunération de 2.000 FCfa pour chaque défunt qu’elles préparent. Ce travail est exécuté par une équipe de trois. La personne qui creuse la tombe reçoit également 2.000 FCfa. Abdoulaye Cissé, qui exerce le métier de toiletteur mortuaire depuis 16 ans, a confirmé ces propos.
Originaire de Saint-Louis et résidant désormais à Touba Tindodi, il souligne que Touba est parmi les villes du Sénégal où le secteur de la mort n’est pas particulièrement lucratif. En effet, il fait observer qu’à Saint-Louis, les frais pour l’inhumation peuvent atteindre 50.000 FCfa, tandis qu’à Touba, cette dépense est réduite à seulement 15.000 FCfa. À cet égard, il considère le montant de 2.000 FCfa dérisoire pour ceux qui s’occupent de la toilette mortuaire. Selon ses estimations, il peut gagner en moyenne jusqu’à 10.000 FCfa par jour. En 2024, le cimetière de Bakhiya a accueilli les dépouilles de 12.192 personnes dont 5.896 hommes et 6.296 femmes.
Birane DIOP (Correspondant)