« Boul Faalé » est un parfum enivrant. Les adeptes de Bacchus du département de Linguère l’ont substitué à la vraie boisson alcoolisée ou au vin. Faute de trouver des bars, ils font recours à ce parfum contenant de l’alcool mettant en danger leur santé. Cette « boisson » provoque aussi des drames sociaux avec la récurrence des agressions et des bagarres impliquant des consommateurs de cette « boisson » nocive à la santé et au bien-être.
Connu sous le nom « Boul Faalé », ce parfum enivrant est très prisé dans le département de Linguère. Vendu et consommé en cachette, il est issu de certaines variétés de parfum comme l’eau de roche, « Target », « Dior homme », etc. Les adeptes de cette « boisson » alcoolisée usent de ces parfums enivrants. Ces derniers contiennent des substances chimiques nocives comme le benzène ou le formaldéhyde.
Etant ivres, les adeptes de cet alcool prennent des machettes et n’hésitent pas à en découdre en public. Car, dans la zone, il est rare de voir des bars où l’on vend du vin encore moins de la boisson alcoolisée. Ce qui pourrait justifier la composition de ce cocktail explosif dénommé « Boul Faalé ». Un parfum enivrant, source de nombreux dégâts, dans cette partie du pays.
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« Nous buvons ce parfum parce que le vin de palme ou tout autre alcool ne se vend pas dans la contrée du Djolof. Alors que le vin nous soulage et nous fortifie. Je ne trouve pas de problème quand je consomme l’eau de roche que je préfère plus que les parfums. Et je deviens subitement ivre», indique A. Sow.
Toutefois, il précise qu’il ne s’est jamais bagarré avec personne ; même s’il admet qu’il y a des jeunes qui s’entretuent du fait de cette boisson alcoolisée. «Je n’ai jamais pris une machette ni un couteau pour violenter un parent ou un ami. Le parfum enivrant me soulage», justifie-t-il.
Par contre, un autre interlocuteur préférant garder l’anonymat, dit avoir blessé une seule fois, un de ses amis, étant ivre. Cet acte lui a d’ailleurs valu une arrestation suivie de son déferrement au parquet. Il a été jugé et emprisonné pendant deux ans pour coups et blessures volontaires. Au-delà de cela, il affirme que les adeptes de ces types de parfum sont exposés à des risques de maladies pulmonaires. C’est pourquoi, il n’a pas mis de temps à cesser la consommation de cette boisson à haut risque.
Source d’ennuis
S’il a envie de boire du vin, il se rend dans les grands centres urbains comme Dakar, Louga, Thiès, etc. Littéralement «Boul Faalé» signifie que chacun s’occupe de ses oignons, décortique notre interlocuteur. Ce dernier explique que les gens prennent ce cocktail pour «vaincre» le stress, et le considèrent surtout comme un liquide aphrodisiaque. «Il faut l’essayer, vous le verrez », lance-t-il, avec un fou rire.
Le constat est général. Les consommateurs de ce parfum provoquent beaucoup d’ennuis au sein de la population du département de Linguère. La série d’agressions mettant en cause ces adeptes de «Boul Faalé», se multiplie.
Tout dernièrement, un enseignant en service dans un village situé à quelques kilomètres de Barkédji a été violemment agressé par des malfaiteurs qui étaient vraisemblablement en état d’ivresse. Il y a même perdu son œil gauche. C’est pourquoi il est grand temps que les autorités administratives de la localité prennent des mesures de sécurité pour freiner à jamais ce fléau.
Il ne se passe pas une semaine sans que des évènements malheureux, impliquant des consommateurs de cette boisson, ne se produisent. Mariama Bâ, vendeuse de bijoux au marché de Barkédji, déplore cette situation. Elle invite les consommateurs à cesser de prendre ce parfum qui contient un taux d’alcool très élevé. D’après elle, «les adeptes de ce liquide nocif mettent en péril leur vie».
Ainsi, dans les marchés hebdomadaires du département, la gendarmerie veille au grain. Car, il est formellement interdit de boire de l’alcool dans les lieux recevant du public. Du coup, dans ces grands rassemblements humains, les consommateurs prennent cette «boisson» en se cachant. D’ailleurs, bon nombre d’interpellations concernent les gens qui consomment ce parfum.
Par Abdoulaye SADIO (Correspondant)