Bounama Mbaye, arrière-grand-père du communicateur traditionnel Bécaye Mbaye, fut le premier disciple de Cheikh Bou Kounta, fondateur de Ndiassane. Plus d’un siècle après sa disparition, ses petits-fils perpétuent encore cette proximité historique en occupant le rang de dignitaires auprès de la famille Kounta.
Bien que plus âgé que Cheikh Bou Kounta, Bounama Mbaye développa très tôt une affection singulière pour lui. « Notre grand père l’adorait dès sa naissance. Il disait à tout le monde qu’il était son marabout et l’amenait partout », témoigne Pape Makhouradia Mbaye, l’un de ses descendants.
Compagnon de tous les instants, Bounama Mbaye fut à ses côtés lors de la fondation de Ndiassane en 1883. Cette proximité fut telle que Cheikh Bou Kounta ordonna qu’ils reposent côte à côte après leur mort.
« Quand notre grand-père est décédé, Cheikh Bou s’est rendu lui-même à la place publique pour demander qu’on l’enterre là, en précisant qu’il souhaitait être enseveli à ses côtés », rapporte son petit-fils.
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À l’époque, Ndiassane était appelée Keur Bou et coexistait avec un autre village, Ndiassane Sérère. L’accès à l’eau potable y posait problème, les habitants étant contraints d’aller chercher de l’eau à Keur Yoro Sadio, puis à Tivaouane, avant d’en être privés.
« C’est à ce moment que notre arrière-grand-père informa Cheikh Bou. Ensemble, ils se retirèrent dans la forêt pour implorer Dieu. Le même jour, après deux unités de prières, l’eau jaillit. C’était l’un des nombreux miracles accomplis par Cheikh Bou», souligne Alpha Mbaye, l’autre petit-fils.
Reconnu pour sa maîtrise du Coran, Bounama Mbaye jouissait d’un immense respect. « Un jour, alors que Serigne Touba rendait visite à El Hadji Malick Sy, ils se rendirent chez Cheikh Bou. À l’heure de la prière de l’asr (17h), aucun d’eux ne voulut diriger. C’est alors que Cheikh Bou demanda à notre arrière-grand-père de le faire. Il a ainsi dirigé la prière en présence de ces trois grandes figures. C’est une immense fierté pour nous », confie Pape Makhouradia Mbaye.
Mariama DIÉMÉ & Ibrahima NDIAYE (texte), Ndèye Seyni SAMB (photo)