Pour les compléments alimentaires, les pharmacies ne détiennent plus le monopole de la distribution. Elles sont fortement concurrencées par certaines grandes surfaces, les magasins dits « boutiques américaines » et les vendeurs sur les réseaux sociaux.
Installée à Dakar depuis 15 ans, une boutique dite américaine, sise à Ouest Foire, propose une variété de produits en provenance des Etats-Unis. Sur chacun d’eux, exposé à l’étagère, il est mentionné la ville américaine de sa fabrication. Le caissier, assis sur une chaise, attend une clientèle qui se fait désirer le temps de notre visite. « Aujourd’hui, il y a beaucoup de boutiques de ce genre. Elles pullulent un peu partout à Dakar. Mais nous sommes les premiers à ouvrir une boutique américaine au Sénégal », lance le gérant trouvé sur place qui préfère garder l’anonymat.
Il expose les types de compléments alimentaires disponibles dans les rayons. On peut remarquer du lait pour enfants, adultes et diabétiques venant des villes comme New York. Des produits comme le GhamaFresh venant du New Jersey. A l’étagère, il propose aussi au visiteur la sauce de graine « Pedia Sure ». A l’en croire, il y a des produits qui facilitent la digestion à l’instar des « Quick Oats ». « On ne vend pas de produits qui donnent des formes », se défend-il. Pour le gérant, tous leurs produits sont contrôlés par la douane et le service d’hygiène dont les éléments passent deux fois dans le mois pour vérifier la date de péremption des articles. Selon notre interlocuteur, l’Etat devrait se battre pour que les Sénégalais puissent, eux-mêmes, produire ces aliments importés afin d’avoir une meilleure maitrise du circuit de distribution. « Je suis contre les femmes qui utilisent des produits chimiques. Nous ne vendons pas ces types de compléments alimentaires qui changent la morphologie de la personne.
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Les produits que certaines femmes utilisent pour avoir de belles rondeurs ne sont pas vendus dans notre boutique », fait-il savoir. A quelques mètres de cette boutique « américaine », se trouve un magasin qui accueille une forte clientèle. La community manager (responsable de la gestion et de l’animation des réseaux sociaux d’une entreprise ou d’une marque), Marie Thérèse Diop, informe que la boutique a juste un an d’existence et vend des compléments alimentaires, mais pas en comprimés. « Ce sont des aliments que nous vendons. Ça peut être du lait protéiné comme « Ensure original » et que la plupart des gens connaissent. On vend parfois des compléments alimentaires comme les « NeoSelen », les collagènes. Sinon, ce sont des jus enrichis en vitamines C ou B12, B6, entre autres. Les médicaments qui viennent des Etats-Unis ne sont pas vendus ici. Il faut savoir que les compléments alimentaires que nous vendons, c’est juste pour l’alimentation », insiste-t-elle.
Pour Marie Thérèse Diop, leur boutique propose des compléments alimentaires comme Ensure original avec 27 vitamines, 9 grammes de protéines, 16 minéraux et 220 calories. « C’est juste du lait, pas un médicament. Tout le monde peut le prendre. Nous ne vendons que de lait comme compléments alimentaires et pas de produits qui changent la morphologie de la personne », persiste-t-elle. Mieux, elle explique que les produits « Ensure » sont souvent achetés par les femmes en état de grossesse ou les gens qui sont malnutris ou susceptibles d’atteindre ce stade. « C’est du lait protéiné. Il y a une gamme pour les enfants comme le PediaSure et le produit « Ensure original » pour les adultes. Une cliente, qui requiert l’anonymat, confie acheter souvent du collagène dans cette boutique, ce qui lui permet un réel confort de vie. A l’en croire, ce produit joue un rôle essentiel dans la mobilité tout en contribuant à la santé du cartilage. D’un point de vue beauté, il permet, selon elle, de garder une parfaite élasticité de la peau en agissant directement sur le tissu conjonctif, c’est-à-dire le derme.
Les réseaux sociaux dans la danse
Les vendeuses sur les réseaux sociaux mènent une concurrence féroce aux pharmacies et grandes surfaces. Joint au téléphone, Yaye Fall, une commerçante très réputée, se frotte bien les mains. Elle confie qu’elle vend ces produits qu’elle mélange avec des protéines. Elle propose également des céréales naturelles bio à base de maïs et d’autres aliments. Sur leur provenance, elle renseigne que ses produits viennent le plus souvent des Etats-Unis. C’est ce qui explique qu’elle ne manque pas de clients. A l’en croire, les Sénégalais aiment bien les produits américains. Contacté par notre soin, une vendeuse en ligne du nom de Nafi dit ignorer ce qu’est un complément alimentaire. Tout de même, elle admet vendre des produits qui donnent de la force et développe les formes chez les femmes. « Je pense qu’on veut juste casser notre dynamique en faisant peur ou en dissuadant les femmes à se procurer nos produits. Une femme doit être belle. Elle doit se procurer des aliments et des produits qui la rendent plus magnifique. C’est l’excès qu’on doit combattre, mais pas interdire aux gens de vendre ces produits », lance-t-elle. Elle reconnait vendre des produits à base de céréales qui permettent de développer les formes des femmes, tout en se défendant de proposer des produits chimiques qui détruisent leurs corps. Maty, également connue dans ce business de vente de compléments alimentaires, refuse de s’exprimer sur cette question. Elle confie juste vendre des aliments à base de protéines qui donnent la bonne forme à ses clientes. Elle n’a pas voulu revenir en détail sur les conditions dans lesquelles elle prépare ses produits.
Des usagers témoignent
Mariatou, la vingtaine, est une grande consommatrice de compléments alimentaires. Elle soutient qu’elle n’abuse pas de ces produits, mais elle en prend en cas de besoin. Elle confie aussi qu’elle achetait au départ des compléments alimentaires recommandés dans les officines, mais elle ne voyait pas de résultats. Elle gardait toujours la même silhouette. Mais depuis qu’elle a commencé à prendre les produits vendus par les dames sur les réseaux sociaux, elle a pris du poids et a vu ses rondeurs se développer. « J’ai constaté que mon époux apprécie plus ma forme actuelle que lorsque j’étais chétive. Je ne cherche qu’à lui faire plaisir », a-t-elle fait savoir. Une autre dame, la trentaine, abonde dans le même sens. Elle estime que la plupart des femmes ou filles qui prennent ces produits le font pour faire plaisir à leurs petits amis ou époux. « Je prenais ces produits avant d’arrêter. Car, j’ai constaté que le développement rapide de mon corps me causait des problèmes. Ça me rendait paresseuse. Je passais plus de temps à dormir qu’à bosser. Alors que j’étais très dynamique avant. Une des amies m’a conseillée d’arrêter. Depuis lors, j’ai repris ma forme habituelle et je me sens très bien. Aujourd’hui, même les compléments alimentaires que je prends, c’est sur avis d’un médecin. Je ne vais plus prendre le risque de me provoquer utilement des maladies », a-t-elle confié.
Par Samba DIAMANKA