Pendant un long moment, la Casamance qui a connu une insécurité précaire à cause du conflit armé avait du mal à voir l’ombre d’un touriste. Au fil du temps, la donne a changé avec le calme qui est revenu.
En 1992, le conflit armé qui a démarré dès l’aube des années 1980 a plongé tout le sud du Sénégal dans une insécurité sans fin. Cette situation a mis en péril le secteur touristique qui a enregistré une vague de départs immédiats de touristes présents dans la zone. Avec les braquages incessants qui survenaient à tout moment sur l’axe Cap Skirring-Ziguinchor, la situation s’est envenimée. Les porteurs d’armes, supposés appartenir au Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), pouvaient surgir à n’importe quelle heure pour s’en prendre aux populations.
À cause de l’insécurité qui y prévalait du fait de la crise armée, la Casamance était estampillée zone rouge et sensible. Aussi, la mort par “accident” d’un groupe de touristes dans les années 2000, non loin de Katakalousse, à quelques kilomètres de la station touristique de Cap Skirring, a amplifié les départs. Pendant ce temps, les réceptifs peinaient à se relever. L’insécurité fut fatale au tourisme local, occasionnant la fermeture des hôtels et l’arrêt des services offerts. Quelques années plus tard, en 2021, les manifestations politiques sont venues s’ajouter aux conséquences du conflit armé déjà désastreuses.
Le tourisme tourne, à nouveau, au ralenti. Dans ce contexte, peu de touristes viennent en Casamance pour les vacances. Donc, dans cette partie du Sénégal, le tourisme était à terre. Aujourd’hui, le sud du pays, y compris la zone touristique de Cap Skirring, commence à renouer avec la sécurité. Au mois d’octobre, la ville a accueilli son premier vol international en provenance de Bruxelles et Paris. À bord, une centaine de touristes. La particularité : il y avait beaucoup d’enfants. La vie reprend paisiblement dans la localité. Le tourisme retrouve sa place de choix avec des complexes hôteliers qui font le plein, surtout avec l’ouverture de la présente saison. Les fréquentations reprennent ainsi de plus belle. Même les campements implantés dans des localités éloignées y trouvent leur compte.
Gérant d’un campement dans les îles de la Basse-Casamance, Agolène Gomis se réjouit de la sécurité qui prévaut dans le département d’Oussouye et le reste de la Casamance. Contacté par “Le Soleil”, le jeune promoteur touristique affirme que “la sécurité favorise un bon climat des affaires”. Actuellement, rassure-t-il, les choses marchent très bien. “Il fut un temps, on ne recevait pratiquement pas de touristes à cause de l’insécurité. Nous vivions une situation très compliquée. Nous avions du mal à nous en sortir financièrement. En revanche, tout cela est derrière nous. On rend grâce à Dieu parce que les choses évoluent positivement.
Mon campement est plein depuis deux mois et la clientèle continue à frapper à nos portes”, jubile Agolène. Entrepreneur touristique depuis 10 ans, le fils de Sifoca, dans la commune de Diembéring, indique que nul ne peut investir dans une zone où règne l’insécurité. L’insécurité et la Casamance, c’est une histoire de plusieurs décennies qui a mis à genou le tourisme local. Cependant, les choses semblent revenir à la normale avec des retombées économiques profitables à ceux qui osent se lancer dans le secteur.
Gaustin DIATTA (Ziguinchor, Correspondant)