Ndiassane est en plein préparatif du Gamou. À 24 heures de l’événement, les travaux sont réalisés à hauteur de 70 %, selon le président de l’Association Culture et Communication de Ndiassane, Cheikh Makhtar Koné. Dans un entretien accordé au Soleil, M. Koné, qui est aussi administrateur de la Jeunesse Khadiriya du Sénégal et membre du protocole du porte-parole du Khalife général de Ndiassane, appelle à la réalisation d’infrastructures routières pour ceinturer cette cité religieuse.
A 24 heures du Grand Gamou de Ndiassane. Où en êtes-vous par rapport aux travaux ?
À 24 heures de l’événement (Ndlr: ce jeudi soir), nous en sommes à 70 % de la réalisation. Le porte-parole avait donné des instructions fermes concernant la mise en place, les services étatiques et l’hébergement de la presse.
Au niveau de la tente où doit se tenir notre cérémonie officielle, à l’esplanade de la Grande Mosquée de Ndiassane, les préparatifs avancent. Concernant les services étatiques, ils en sont à 80 % de leurs engagements. La Senelec est sur le terrain. La Sénégalaise des Eaux et la Sones font un travail remarquable. Mais depuis ce matin, on note une baisse de pression, et je voudrais que l’on y remédie.
Ndiassane grandit : plus d’une vingtaine de villages se sont rattachés à la cité. En plus, de nombreux étrangers – Gambiens, Mauritaniens, et d’autres de la sous-région – sont déjà arrivés. Il faudra donc anticiper la forte demande en eau en augmentant le débit.
Pour l’électricité, la Senelec est en train de finaliser les installations. Je pense que d’ici ce soir ou, au plus tard, demain, toutes les demandes de branchements sociaux liés à l’organisation seront satisfaites.
Ce que nous déplorons le plus, ce sont nos deux routes : la route de contournement de la nationale reliant Ndiassane à Tivaouane ; et la route principale entre Ndiassane et Tivaouane. Ces voies sont impraticables. Nous avons toujours dénoncé cette situation auprès de l’Ageroute, mais malgré plus de dix ans de promesses, rien n’a été fait.
Même constat pour la route de Ngaye à Ndankh, berceau de la famille Kounta : depuis 1809, Ndankh ne dispose toujours pas de route goudronnée. Ce sont des pistes en latérite qui se dégradent avec la pluie. La famille Kounta n’est pas exigeante, mais elle a des besoins légitimes.
Comme l’a rappelé ce matin le président de l’Assemblée nationale, Ndiassane et les Kounta du Sénégal méritent plus d’attention.
Au-delà des infrastructures, quels sont les principaux défis de l’organisation du Gamou ?
Le premier défi, ce sont les enjeux numériques. Aujourd’hui, Internet joue un rôle central dans la communication. Cette année, en tant que président de la Cellule Culture et Communication, nous avons misé à la fois sur la communication classique et moderne, notamment le digital.
Nous disposons de nos propres canaux comme Al Kuntu TV et Ndiassane TV, qui servent de relais internes. Pour la communication classique, nous avons fait appel aux grands médias comme Le Soleil, la Rts, l’Aps et plusieurs télévisions privées, car tout le monde n’est pas connecté.
Cette année, pour la première fois, la Rts diffusera en direct la cérémonie officielle, aux côtés de chaînes privées. C’est une innovation et une grande satisfaction.
Quelles sont les innovations de cette 142e édition ?
La première innovation majeure, c’est la digitalisation du Gamou. L’autre nouveauté, c’est l’accent mis sur l’acte social. Chaque année, le Khalife veille à ce que toutes les couches sociales, de Ndankh à Ndiassane, puissent accueillir dignement leurs hôtes. Cette année, il a encore doublé d’efforts en allouant des montants supplémentaires aux familles.
Et concernant les invités officiels ?
Il m’est difficile de donner un chiffre exact, car les confirmations arrivent au fur et à mesure. J’en discutais encore avec le préfet, afin de concilier protocole administratif et protocole religieux, qui diffèrent beaucoup. Notre objectif est d’éviter toute confusion.
Aucune organisation n’est parfaite à 100 %, mais nous ferons le maximum pour que chaque invité reparte satisfait. L’an dernier, notre organisation avait été notée à 17,5/20. Il ne nous manquait que 2,5 points pour atteindre notre objectif.
Vous demandez donc une évaluation à la fin du Gamou ?
Effectivement. Nous sollicitons d’abord l’avis des érudits de la maison, sur le discours du porte-parole vis-à-vis de la famille, du peuple sénégalais et de la sous-région – Mali, Burkina Faso, Guinée, Gambie, Guinée-Bissau…
Ensuite, nous recueillons l’évaluation de l’administration, notamment du préfet de Tivaouane, qui est un frère et un ami. L’année dernière, nous avons reçu une bonne notation du ministre de l’Intérieur sortant, Jean-Baptiste Tine, que nous remercions pour son écoute et son soutien constant.
Cette année, nous lançons un appel au nouveau ministre de l’Intérieur, en charge du culte, ainsi qu’à la Délégation aux affaires religieuses à la Présidence, dirigée par Djim Dramé, pour qu’ils accordent une oreille attentive à la famille Kounta, qui est aussi la leur.
Propos recueillis par Mariama DIEME-Ibrahima NDIAYE et Ndeye Seyni SAMB (photo)