En cette saison, les oranges casamançaises envahissent les marchés et les rues de Dakar. Cultivées dans le sud du pays, elles sont acheminées dans la capitale par des camions puis redistribuées par des charretiers qui sillonnent la capitale pour les vendre aux consommateurs. Entre saveur unique, engouement croissant et opportunités économiques, ces agrumes sont devenus un véritable business pour de nombreux commerçants.
Elles pullulent un peu partout à travers la ville de Dakar. Dans la circulation et les rues de la capitale, les oranges s’imposent par leur présence. Marchés et quartiers sont inondés de ces agrumes au goût aromatique, sucré et légèrement acide. Ces oranges, venues de la région naturelle de la Casamance, connaissent un succès grandissant. Sur une table ou à même le sol, les vendeurs proposent une grande variété de produits prisés aussi bien par les sénégalais que par les ressortissants de la sous-région. C’est du marché Sandika situé au cœur du département de Pikine, que les charretiers, ces conducteurs de chevaux, viennent s’approvisionner avant de proposer les oranges dans tous les recoins de Dakar. C’est le cas d’El hadj Kâ. Trouvé au marché Sandika, il a acheté une caisse de 88 kg d’oranges casamançaises. « Ici, la caisse ne se vend pas en gros mais au détail. Donc vous multipliez 88 à ce prix pour connaître la somme que j’ai déboursée pour mettre la main sur ce paquet d’oranges», explique-t-il tout sourire.
Selon lui, le kilogramme, coûtait dernièrement 550 FCfa, mais il a grimpé à 600 FCfa. Une hausse qu’il attribue à l’intérêt croissant pour ces oranges. Dans le marché, le procédé du greffe des variétés a permis de différencier deux types d’oranges : le « Concas », une variété casamançaise pure, et le « Tanjelo », qui résulte d’une greffe avec la clémentine locale, lui donnant une saveur unique. « C’est ce qui fait que les consommateurs aiment autant cette orange », explique Mbaye Ndiaye, cocher et vendeur ambulant. Ainsi, après avoir chargé leur marchandise, les charretiers se dirigent vers leurs zones de vente. Ibra Gningue choisit les Parcelles Assainies, tandis qu’Elhadj Kâ reste dans les quartiers de Pikine pour écouler rapidement ses oranges et revenir s’approvisionner. Ce va-et-vient quotidien leur permet d’assurer un roulement efficace de leur activité.
Selon Elhadj Kâ, d’habitude, il réalise un bénéfice journalier de 15.000 à 25.000 FCfa. « Cela dépend de la demande », précise-t-il. De son coté, Ibra Gningue, un autre charretier a investi 36.900 FCfa pour un panier de 66 kilos, acheté à 600 FCfa le kilo. Lorsqu’il revend, il fixe son prix à 700 FCfa le kg. « Il faut vendre à 700 ou 800 FCfa pour s’en sortir, sinon cela ne serait pas rentable », confie-t-il avec un large sourire. Au rond-point Colobane, Yankhoba Badiane stationne sa charrette, remplie d’oranges. Ce commerçant, coiffé d’un bonnet Cabral et surnommé «Baye Darou», vend le kilo de Tanjelo à 800 FCfa et celui de Concas à 700 FCfa. Mariama Kassé, jeune commerçante, déguste une orange avec plaisir. « C’est très succulent», affirme-t-elle avant d’ajouter : «Ce sont ces fruits locaux que nous devons manger, ils ont plus de nutriments car ils poussent sur nos terres.»
Pour Yankhoba, également habitué de la vente de fruits locaux, chaque fruit a sa saison. Ce qui fait, dit-il, qu’il adapte ses achats en conséquence. Et pour attirer les clients, il vante les bienfaits des oranges à l’aide d’un haut-parleur. Ce qui fait, d’après lui, qu’il peut se retrouver avec « un profit de 10.000 FCfa ou plus par jour». Aux abords du marché Hlm, près du quartier Ouagou Niayes, Mamadou Bâ, lui, tient un chariot rempli d’oranges casamançaises. Sur un plateau posé à coté, des agrumes déjà épluchés sont accompagnés de condiments à base de piment, sel et bouillon. Autour de lui, un groupe d’écolières en uniforme marron-beige se presse pour acheter.
L’une d’elles confie: « Moi, dès que je vois ces oranges, je pense à en acheter. J’adore les déguster avec des condiments ». Contrairement aux charretiers, Mamadou Bâ se rend directement à Sandika pour acheter son stock à 550 FCfa le kilo. Il note que ce fruit séduit aussi bien les adultes que les enfants. L’orange casamançaise s’impose ainsi comme un véritable moteur économique saisonnier, générant des opportunités pour de nombreux vendeurs. Une aubaine à exploiter tant que dure la saison de ce fruit emblématique du sud du Sénégal.
Par Daouda DIOUF