Depuis plusieurs années, Thiallane, village situé dans la commune de Bassoul (Foundiougne), vit une absence cruelle d’électricité qui a fini par paralyser l’économie locale. Aujourd’hui, la population de cette localité des îles du Saloum en a assez et souhaite impatiemment que les promesses deviennent réalité.
FOUNDIOUGNE – L’absence de courant à Thiallane, dans les îles du Saloum (Foundiougne), plus précisément dans la commune de Bassoul, hante le sommeil des populations. Ce, depuis plusieurs années. Ce n’est ni un rêve, ni une science-fiction, mais trouver un glaçon est un luxe dans ce village. Les populations vivent le calvaire. Même pour brancher leurs téléphones, c’est le parcours du combattant. Aussi, elles ne parviennent pas à suivre les programmes des chaînes de télévision du fait de cette absence d’électricité. « Je suis un inconditionnel du foot. C’est pourquoi quand il y a un match, je souffre parce que je dois, coûte que coûte, le suivre. Et puisque la télévision ne fonctionne presque pas à cause du manque d’électricité, je suis obligé de me rabattre sur le téléphone pour regarder les matches », souffle ainsi un homme d’une trentaine d’années.
Sous l’ombre d’un grand arbre dit «neem», lieu de regroupement des jeunes du village, les discussions vont bon train. Certains manipulent tranquillement leur téléphone et parfois avec beaucoup de précautions pour éviter d’user très rapidement la batterie. D’autres, par contre, probablement plus avertis, n’y touchent pas pour économiser la charge de la batterie. Ça vaut le coup, surtout quand on sait que recharger son téléphone, c’est comme déplacer une montagne. Toutefois, d’aucuns sont convaincus que l’espoir est permis. Que le bout du tunnel n’est plus loin. C’est la conviction de Bouba Sarr selon qui, « l’électricité, c’est pour bientôt ». À l’opposé de M. Sarr, Mamadou Thior ne se fie plus aux promesses faites par-ci et par là. Pour lui, on a trop fait rêver le village sans qu’une action ne soit entreprise. « On nous a tellement fait de promesses. Mais rien n’a été concrétisé. On ne comprend absolument rien », s’indigne-t-il.
En attendant l’arrivée prochaine de l’électricité, quelques maisons sont dotées de panneaux solaires. Mais les propriétaires en font les frais, car ils sont sollicités, du matin au soir, par des tiers pour brancher leurs portables. Pire, certains jugent nécessaire d’aller à Bassar, village voisin séparé de Thiallane par un bras de mer. Alors que la seule maison qui approvisionne le village en glace est loin de satisfaire tous les besoins, certains se rendent à Bassar pour en acheter et/ou revendre. Un commerce pratiqué par des dames qui, chaque jour, empruntent une pirogue pour traverser le bras de mer. En plus des risques, cette activité reste pénible. En effet, les vendeuses remplissent des sacs ou d’autres réservoirs de glace qu’elles chargent sur des charrettes pour les revendre.
En ces temps de canicule, elles sont très sollicitées. Déjà, très tôt dans la journée, alors qu’elles sont à la recherche de la glace à Bassar, des clients les attendent massivement à Thiallane avec une file d’attente. Aucune chance de trouver un glaçon pour les retardataires. Ici, la demande est largement supérieure à l’offre. « Je viens tôt pour déposer mon seau, car j’habite loin. Sinon, je n’aurai pas de glace. Chaque jour, je fais le même exercice », confie une dame, qui vient de débarquer au domicile de l’une des revendeuses.
Une équation à mille inconnues
Maïmouna Thiaré, une jeune femme trentenaire, revendeuse de glace à Thiallane, raconte son calvaire quotidien, un véritable parcours du combattant. « Arrivées à Bassar, nous sillonnons le village avec des sacs pour trouver de la glace. Nous allons de maison en maison pour en acheter avant de les acheminer à l’embarcadère à l’aide d’une charrette et parfois même en les portant sur la tête », confie-t-elle. Cette absence d’électricité paralyse sans doute le développement économique du village.
À Thiallane, on ne tente pas de s’aventurer dans certaines activités économiques à cause de l’absence de l’électricité. C’est d’ailleurs le cri de cœur éternel des acteurs de développement local. « L’électricité, c’est notre seul handicap », dit-on. Le village pouvait largement dépasser son niveau actuel de développement si le courant électrique était disponible. Aujourd’hui, beaucoup d’initiatives peinent à être concrétisées à cause de ce problème. À l’est du village, tout juste à l’entrée, un grand espace est récemment aménagé pour, apprend-on, abriter une centrale électrique. Selon des témoignages, des jalons ont été posés pour aller dans le sens de l’électrification du village et que des équipes de l’entreprise à laquelle cette tâche a été confiée, sont en train de s’y atteler. Almamy Thior, l’adjoint au chef du village, s’en réjouit : « on garde espoir et l’on est plus que jamais convaincu que l’électricité sera disponible, même si l’on ne sait pas exactement quand ». Avant de conclure : « une équipe d’une entreprise d’électrification était là pendant deux jours pour prendre les mesures ».
Elhadji Fodé SARR (Correspondant)