Dernier né des grands réceptifs hôteliers sur la Petite côte, le Riu Baobab a subi une attaque à mains armées dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 janvier dernier. Un braquage qui n’a pas fait de victimes mais dont l’écho pourrait faire mal au tourisme sénégalais.
C’est une mauvaise publicité que le tourisme aurait aimé volontiers s’épargner. Surtout en cette pleine période de haute saison (elle va de novembre à avril) marquée par un flux important de la clientèle européenne fuyant le froid glacial du vieux continent pour tenter de retrouver un peu de chaleur au Sénégal. Certains d’entre eux, qui avaient choisi de loger à l’hôtel Riu Baobab, ont vécu une belle frayeur dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 janvier.
Ce réceptif hôtelier, niché dans la nouvelle station balnéaire de Pointe Sarène, sur la Petite côte, et inauguré en 2022, a subi cette nuit-là une attaque à mains armées. Une vingtaine d’assaillants encagoulés ont pris d’assaut l’établissement très fréquenté depuis son ouverture. Selon un communiqué de la Gendarmerie, les malfaiteurs ont neutralisé les agents de sécurité privée, ce sont emparés de l’argent (on parle de 12 millions de Fcfa) et de deux téléphones portables. Dès qu’elle a reçu l’alerte, la Brigade de proximité de Nianing et l’Escadron de surveillance et d’intervention (Esi) qui effectuent des patrouilles de sécurisation dans le secteur se sont portés rapidement vers l’hôtel et ont intercepté les malfaiteurs qui tentaient de s’exfiltrer.
« L’intervention des gendarmes s’est soldée par des échanges de coups de feu avec les assaillants, obligeant ces derniers à prendre la fuite en passant par les clôtures en grillage qui donnent sur les zones boisées situées au sud-est du réceptif hôtelier. Les recherches immédiates effectuées dans la zone n’ont pas permis de découvrir les malfaiteurs », souligne la note.
Toujours selon la gendarmerie, les patrouilles de sécurisation mises en œuvre dans le cadre du plan de protection des sites touristiques ont été immédiatement renforcées dans toute la zone. En outre, un dispositif spécial de protection a été mis en place pour accompagner la direction de l’hôtel Riu Baobab, en vue de restaurer la sécurité et la sérénité chez les clients de l’hôtel. « Une mauvaise nouvelle pour le tourisme sénégalais » Si la preste intervention de la gendarmerie de Nianing a permis de préserver des vies humaines, cette attaque pourrait faire très mal au tourisme sénégalais qui a commencé à reprendre du poil de la bête après que la Covid 19 l’avait complètement mis à terre.
Pour Mamadou Diouf, Secrétaire général national de l’hôtellerie et de la restauration des cafés et bars du Sénégal, ce braquage n’augure rien de bon pour le secteur du tourisme, confronté actuellement à une conjoncture difficile. « C’est une mauvaise nouvelle pour le tourisme sénégalais, déjà confronté à des difficultés d’ordre concurrentiel », a déclaré, au bout du fil, Mamadou Diouf de surcroît Secrétaire régional de l’hôtellerie et de la restauration des cafés et bars de Thiès. Il pense que cette situation appelle une réponse forte des autorités et des acteurs du secteur au-delà des efforts considérables qu’ils sont en train de fournir présentement.
« L’État sénégalais fait présentement de gros efforts en collaboration avec les acteurs du secteur. Tout un chacun doit apporter sa contribution pour mieux booster le secteur du tourisme, qui est un facteur déterminant de l’économie du pays », croit-il. Poursuivant, le syndicaliste a insisté sur l’importance de renforcer la sécurité des sites touristiques. « Nous aurons besoin de mieux sécuriser les hôtels, les sites afférents au tourisme, mais aussi de garantir la sécurité des touristes, des réceptifs et des travailleurs », a-t-il ajouté, non sans appeler à la prise de mesures immédiates pour résoudre les problèmes du secteur.
« Ce qui s’est passé à Riu Baobab mérite d’être apprécié négativement, mais aussi d’être le point de départ pour apporter des solutions qui puissent réguler et sécuriser adéquatement le secteur », a dit Mamadou Diouf qui invite l’Etat à renforcer la police touristique. Pointe Sarène, une station balnéaire statique Michel Sarr n’en pense pas moins. Ce chef de village de Pointe Sarène ne cache pas ses craintes de voir cette attaque plomber le développement de la nouvelle station balnéaire et, par ricochet, nuire au secteur touristique.
Il se dit surpris par cet incident car Pointe Sarène est réputé être une zone calme. Mais il tient à féliciter la prompte réaction de la gendarmerie de Nianing sans quoi, pense-t-il, il y aurait pu avoir un drame. Il n’empêche, le chef de village invite l’Etat à renforcer la sécurité dans ce secteur. Toutefois, il rappelle que l’hôtel Riu est un peu isolé, ce qui peut en faire une cible pour des malfrats. Et cela s’explique, par le fait que tous les autres attributaires de terres dans cette station balnéaire n’ont rien construit, à part Sablux (hôtel), regrette Michel Sarr. « Des gens s’étaient engagés à construire des hôtels, des résidences pour développer la station balnéaire, il n’en est rien. Si tout le monde avait respecté son engagement, on aurait pas cette situation, la sécurité serait maximale et il n’y aurait pas cette attaque », pense-t-il, invitant l’Etat à réaffecter ces terres à d’autres investisseurs.
Par Elhadji Ibrahima THIAM et Souleymane WANE