Les femmes n’ont plus besoin de commis en cuisine. L’épluchage et la découpe des ognons et autres condiments ne sont plus un casse-tête. Elles confient cette tâche « ingrate »aux hommes au marché. Si pour elles, c’est une manière de simplifier leur travail de tous les jours. Les commerçants y voient un filon.
Le marché Castor est en pleine effervescence en cette matinée. Il faut jouer des coudes pour se frayer un chemin dans les dédales de ce lieu de commerce. Les activités vont bon train et les commerçants tentent de satisfaire la clientèle. La trentaine révolue, Biby Thiam a déjà fini d’acheter tout le nécessaire pour du riz au poisson. Muni d’un panier bien garni, elle se dirige d’un pas assuré vers une échoppe pour une dernière emplette. Après quelques salamalecs avec le gérant Serigne Boye, la femme au foyer récupère sa commande. « J’ai commandé un demi-kilo d’ognons à éplucher et des pommes de terre à découper en fines lamelles pour le dîner. Je paye 600 FCFA », renseigne-t-elle. Biby Thiam a l’habitude de déléguer ces tâches à Serigne et son équipe. « Je finis tous les jours mes achats chez Serigne. Je viens en premier passer ma commande avant de revenir pour les chercher », affirme-t-elle. La jeune femme au teint clair juge cette pratique plus « facile ». Elle déclare gagner beaucoup plus de temps dans la préparation du repas. « Ce n’est pas par paresse, mais juste pour faciliter le travail de tous les jours », estime la ménagère.
Seynabou Sylla est aussi venue chercher sa commande. « J’ai fait hacher ail, piment et poivron. J’ai aussi fait moudre du poivre », a fait savoir la jeune femme emmitouflée dans une robe en wax. La jeune femme récupère ses achats et paie 500 fcfa. Cette somme en vaut bien le coût pour la trentenaire. « Je gagne du temps et je peux même garder le reste au frigo », affirme-t-elle tout sourire.
Un filon pour les commerçants
Serigne Boye tient depuis quinze ans, son petit commerce. Il est dans le découpage et l’épluchage de pommes de terre et d’ognons. Debout devant son plan de travail, il travaille avec sept de ses employés. Certains s’occupent de moudre les épices tandis que les autres épluchent et hachent les ognons. Des tas d’épluchures et de détritus jonchent le sol. Mais cela ne semble pas déranger ces âmes besogneuses.
Le plan de travail est équipé de moulins à épices électriques. « Je les ai achetés à 550.000 FCFA l’unité », révèle le trentenaire. Ces machines peuvent, d’après lui, moudre tous les condiments. Un bon investissement pour le commerçant. « Le piment et le poivre sont moulus à 800 FCFA le kilo et l’ail à 300fcfa le kilo », énumère-t-il. Le commerçant propose aussi d’autres services à sa clientèle. Une manière de faire augmenter son chiffre d’affaires.
Serigne Boye gagne bien sa vie avec ce business : « les affaires marchent plutôt bien, car on reçoit tous les jours des clientes ». La clientèle de ce dernier est constituée de ménagères. « Elles sont très fidèles. Je peux gagner jusqu’à 50.000 FCFA en une journée », confie-t-il. Une aubaine pour ce jeune plein d’entrain.
Arame NDIAYE