Dans les albums jaunis des archives du Soleil, une photographie datée du 26 janvier 1995 retient l’attention : Coumba Dème, silhouette digne, accueille au palais le président ivoirien Henri Konan Bédié.
On y lit, en creux, la trame d’une vie de réserve et d’influence. Née à Louga mais intimement liée à Saint-Louis, Adja Coumba Dème incarne ces familles modestes et ambitieuses qui ont fait de l’école la voie royale. Son mari, agent des Postes, sillonnait le pays ; elle, gardienne du foyer, veillait aux études d’un fils nommé Abdou, né le 7 septembre 1935, promis d’abord à la rigueur, puis à l’État.
Coupures de presse et correspondances familiales conservées au fil des ans évoquent une autorité douce : « travaille, reste droit, n’oublie jamais d’où tu viens ». Ce triptyque accompagne l’élève discipliné de Louga à Saint-Louis, puis l’administrateur formé à l’exigence, avant l’homme d’État. Lorsque, le 1ᵉʳ janvier 1981, Abdou Diouf accède à la présidence de la République du Sénégal, les reporters décrivent un style feutré, méthodique, presque maternel dans sa patience : héritage assumé d’une éducation sans éclat mais sans faille.
Disparue le 7 mai 2002 à l’âge de 90 ans, Coumba Dème a laissé à son fils le témoignage d’une vie de devoir et d’humilité. Un destin parallèle, puisque Abdou Diouf, qui soufflera ses 90 bougies le 7 septembre prochain, porte encore la mémoire de cette mère discrète. La photographie de 1995, comme les rares clichés domestiques, rappelle qu’elle n’a jamais cherché la lumière. Pourtant, son ombre bienveillante traverse les décennies : elle est ce fil discret qui relie Louga à Saint-Louis, la maison aux salles d’étude, le devoir quotidien à la charge suprême.
Moussa DIOP – Archives : Fatou MBAYE
PS: Pour célébrer ses 90 ans le 7 septembre prochain, Le Soleil ouvre cette semaine un album souvenir dédié à Abdou Diouf, retraçant le parcours d’un bâtisseur discret et visionnaire de la démocratie sénégalaise