Chaque année, l’hivernage, combiné à la montée du fleuve Sénégal, transforme certains quartiers de Richard-Toll en zones à risque. Guadalkhout, Diacksao, Richard-Toll Escale, Diamaguène Gaya, Ndiaw et Ndiagué vivent dans la peur des inondations, qui impactent habitations, cimetières et activités économiques comme la pêche.
DAGANA – À Richard-Toll, le quartier de Nourou, composé de Diacksao et Guadalkhout, abrite le plus grand nombre de pêcheurs de la cité sucrière. Ces habitants vivent principalement de cette activité. Sous l’ombre généreuse d’un grand arbre qui étend ses branches vers le rivage, quelques pêcheurs se sont installés, comme chaque matin, au bord du canal Tahouey, un défluent du fleuve Sénégal long de 17 km et qui alimente par ailleurs le lac de Guiers. Avec leurs mains habiles, ces pêcheurs artisanaux s’activent pour amarrer leurs pirogues. À côté, d’autres façonnent de nouveaux filets. Leur concentration est palpable, comme si chaque nœud tissé portait en lui l’espérance d’une bonne pêche. En cet endroit, l’eau commence à monter, avançant de jour en jour vers les habitations. En cette période de crue du fleuve, il n’est pas rare que les activités de pêche tournent au ralenti.
À Diacksao comme à Guadalkhout, chaque année, la montée des eaux du fleuve Sénégal menace les maisons et fragilise les activités. « Avec la montée des eaux, toutes nos activités ont ralenti », déplore Mame Abdou Bâ, pêcheur et pisciculteur installé depuis plusieurs années à Guadalkhout. Sa maison se trouve à moins de cinq mètres du canal. Chaque hivernage, il vit dans l’angoisse de voir l’eau envahir sa cour. « Si rien n’est fait, les désastres seront incontestables », prévient-il. À côté de lui, un autre pêcheur partage la même inquiétude. Sous couvert de l’anonymat, il se dit préoccupé par l’annonce d’un éventuel lâcher d’eau sur le fleuve. « Nous vivons directement au rythme du fleuve. Quand l’eau monte, non seulement nos filets s’abîment plus vite, mais il devient aussi difficile de trouver du poisson.
Nous passons plus de temps à dégager les filets qu’à pêcher », explique-t-il, en tirant sur son filet. Dans ces quartiers de pêcheurs, des digues de fortune sont encore visibles. Avec l’appui de la municipalité, les populations ont entrepris, dès l’année dernière, de mettre en place des rangées de sacs de sable pour contenir la crue. Une protection de fortune, efficace à court terme, mais incapable de résister aux nouvelles poussées d’eau qui s’annoncent. La menace Tahouey À Richard-Toll, plusieurs quartiers sont particulièrement exposés. Nourou, avec ses sous-quartiers Guadalkhout et Diacksao, mais aussi une partie de Richard-Toll Escale, de Diamaguène Gaya, de Ndiaw et de Ndiagué, vivent chaque année sous la hantise des inondations. La montée du fleuve, mêlée aux fortes pluies de l’hivernage, fait avancer l’eau jusque dans les concessions, impactant même les cimetières, comme celui de Richard-Toll Escale, dont les tombes sont régulièrement menacées par la crue.
Âgé aujourd’hui de 70 ans, Atoumane Ndiaye, délégué de quartier de Nourou, vit au rythme de cette menace permanente. « Chaque soir, je surveille de près le Tahouey. Ce canal menace les habitations. Dans certaines maisons, l’eau a déjà commencé à envahir les murs, ce qui signifie que si on ne fait rien, la situation risque de prendre une autre tournure », alerte-t-il, inquiet mais déterminé à veiller sur ses voisins. Selon lui, la mairie joue son rôle dans l’urgence. « Chaque année, la mairie intervient en mettant à disposition du sable et des sacs. Mais c’est une solution de courte durée. L’idéal est de mettre en place une digue de protection. Cet ouvrage pourra stopper l’eau, et seule l’État peut le faire », insiste-t-il, appelant à une réponse forte et durable des autorités centrales. Avec l’annonce d’un éventuel lâcher d’eau, la mairie de Richard-Toll est sur le qui-vive.
La riposte s’organise. Libasse Bâ, chef de cabinet du maire Amadou Mame Diop, assure que la mairie est en alerte permanente. « Le maire a donné des instructions pour que toutes les dispositions soient prises afin de lutter contre la montée des eaux du fleuve, qui risque d’envahir certains points de Richard-Toll », informe-t-il. Selon lui, la mairie et ses partenaires feront de leur mieux, comme l’année dernière dans des circonstances similaires, pour protéger les populations. À cette occasion, il a lancé un appel aux Associations sportives et culturelles (Asc) pour qu’elles s’impliquent davantage dans la gestion des inondations et la lutte contre l’avancée des eaux vers les concessions. « La mobilisation de toute la communauté est nécessaire », souligne-t-il. Dans les quartiers les plus exposés — Ndiaw, Ndiagué, Nourou, Richard-Toll Escale, entre autres — la vigilance est de mise.

