Gardienne du mouridisme, « Daaray Kamil » est bien plus qu’une bibliothèque : c’est un sanctuaire du savoir qui enseigne et raconte la vie et l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba. Pendant le Grand Magal de Touba, elle attire et captive les fidèles venus en nombre dans la cité religieuse.
En cette période, la « Résidence du Coran » ne désemplit pas. Les pèlerins s’y rendent non seulement pour découvrir ses trésors, mais aussi pour se recueillir sur la tombe de Serigne Abdou Lahat Mbacké, troisième khalife général des mourides (1968-1988), inhumé à l’intérieur du bâtiment qu’il fit ériger en 1977.
« Ce lieu abrite plusieurs écrits de Cheikh Ahmadou Bamba ainsi que ceux d’autres savants et chercheurs ayant travaillé sur le mouridisme », explique Ousseynou Diarra, membre de la cellule de communication de la bibliothèque. Il rappelle que «Daaray Kamil» était un vœu cher au fondateur du mouridisme.
« Il souhaitait l’implanter à Ndiarème et avait déjà rassemblé les ouvrages qui devaient y être exposés. Mais ce projet n’a pas abouti. Son fils, Serigne Abdou Lahat, avec l’aide d’autres membres de la famille, a concrétisé ce rêve. Après la construction, il est parti partout où il y avait des écrits de Serigne Touba pour les réunir ici », poursuit-il.
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Située à 50 mètres à l’est de la grande mosquée de Touba, « Daaray Kamil » s’étend sur 3.969 m². Elle compte cinq salles distinctes : la salle du Saint Coran qui rassemble des exemplaires manuscrits réalisés par les fils, petits-fils et disciples de Cheikh Ahmadou Bamba ; la salle des khassaïds dédiée aux poèmes du fondateur du mouridisme ; la salle de culture générale regroupant des encyclopédies couvrant divers domaines du savoir ; la salle de lecture pour la consultation et l’étude des documents ; la salle d’exposition consacrée aux pièces et ouvrages remarquables.
Selon M. Diarra, la collection est loin d’être exhaustive. « Nous ne savons pas exactement tout ce que Cheikh Ahmadou Bamba a écrit. Ses œuvres sont dispersées dans le monde. Mais ici, nous conservons 6 500 khassaïds écrites de sa main », explique-t-il.
Lieu de savoir vivant, « Daaray Kamil » accueille régulièrement des érudits venus du Sénégal et d’ailleurs, désireux d’approfondir leurs recherches sur l’œuvre du Cheikh. En plus de sa mission de conservation, la bibliothèque organise des activités éducatives, notamment pendant le Ramadan : conférences, compétitions religieuses inter-écoles et jeux de culture générale sur la religion et la vie du fondateur du mouridisme.
L’objectif, souligne Ousseynou Diarra, est clair : « Sensibiliser les musulmans, surtout les jeunes, à la voie tracée par Serigne Touba : connaître Dieu et Son Prophète (Psl). Serigne Touba avait un projet de société différent de celui des colons, fondé sur la propagation de l’islam. Nous devons suivre ce chemin ».
Par Aliou DIOUF (envoyé spécial)