Serigne Modou Lèye et Alioune Badara Mbengue, deux maçons, des voisins au quartier Ndindy de Touba, un même destin. Ces deux ouvriers ont perdu la vie, dimanche dernier, dans l’effondrement d’un immeuble de trois étages dans la cité religieuse. Les deux ouvriers ont péri tragiquement. À Ndindy, parents, proches, amis et employés pleurent leurs fils, deux maçons pétris de talent et d’ingéniosité.
Serigne Modou Lèye : Un « rassembleur » parti à la fleur de l’âge
Maçon de profession, Serigne Modou Lèye a perdu la vie dans l’effondrement de l’immeuble de trois étages à Touba. Il n’a travaillé que dix jours sur le chantier avant de périr lors de l’effondrement du bâtiment. Ndindy en deuil. Suite à l’effondrement d’un bâtiment de trois étages, cette localité de Touba a vu certains de ses fils périr dans cette tragédie. Parmi eux, Serigne Modou Lèye. Dans sa maison, ses amis et proches observent le deuil. Ils pleurent un « rassembleur ». Les voisins, toujours là, tentent de trouver les mots justes pour réconforter la famille.
Maçon de métier, Serigne Modou Lèye résidait à Touba, mais il travaillait à Dakar. Dix jours après son retour dans la cité religieuse, il a perdu la vie dans l’effondrement d’un immeuble le dimanche 25 mai 2025. Son ami Pape Diop, ouvrier, a partagé le même chantier avec lui. Mais au moment de l’incident, il se trouvait à l’extérieur du bâtiment. Cela l’a sauvé de cette tragédie qui, selon lui, a fait quatre victimes, rien que dans le quartier de Ndindy. D’après Pape Diop, tous ces ouvriers étaient recrutés dans ce chantier par Serigne Modou Lèye.
Malheureusement, c’était au moment où les maçons étaient en train d’enduire du ciment sur une façade du bâtiment que l’immeuble s’est effondré. « Après quelques mètres, j’ai entendu du bruit. C’était l’immeuble qui venait de tomber », renseigne M. Diop. Celui-ci révèle qu’au moment de l’affaissement de l’immeuble, Serigne Modou Lèye et un autre ouvrier étaient à l’intérieur en train de se préparer pour rentrer. Pape Diop pleure un employeur qui était à la fois un « frère ». « Il a beaucoup fait pour moi. J’ai travaillé à ses côtés sur de nombreux projets. C’est une personne de valeur », a-t-il témoigné, se remettant à la volonté de Dieu.
Moustapha Lèye reconnait que son frère a répondu à l’appel du destin. À son avis, il ne pouvait y échapper, se rappelant qu’il était revenu à Touba pour des motifs professionnels. Cependant, il reste triste de voir un homme de valeur qui se souciait de sa famille partir très tôt. « C’était une belle personne. Il était là pour chacun de ses frères. Il avait de bonnes relations avec tout le monde. Le remplacer sera difficile », confie-t-il. Âgé de 38 ans, Serigne Modou Lèye est décédé en laissant une épouse et de jeunes enfants.
La famille d’Alioune Badara Mbengue pleure un soutien
Âgée de 45 ans, Alioune Badara Mbengue fait partie des ouvriers qui ont perdu la vie dans l’effondrement d’un bâtiment à Touba. Son frère, Serigne Mbacké Mbengue, pleure la perte d’un ami qui l’a aidé dans ses responsabilités familiales. Tristesse et désespoir. C’est ce qui se lit sur les visages dans la famille Mbengue, au quartier Ndindy, à la suite du décès de leur fils, Alioune Badara Mbengue, dans l’effondrement d’un bâtiment, le dimanche 25 mai 2025, à Touba. On assiste à des va-et-vient incessants dans la demeure des Mbengue. Certaines personnes viennent pour présenter leurs condoléances à la famille endeuillée.
Alioune Badara Mbengue, est parti laissant derrière lui une épouse et cinq enfants, dont quatre garçons et une fille. Ouvrier, il travaillait sur le chantier de l’immeuble R+3 le jour des faits. « Un évènement tragique », d’après son grand frère, Serigne Mbacké Mbengue, qui était hors de Touba au moment de la tragédie. Ce dernier a été averti aux alentours de 17h par Bado Dieng, un ami d’Alioune Badara Mbengue. « Il m’a contacté pour me dire que le bâtiment s’était effondré, sans mentionner que mon frère était parmi les personnes concernées », affirme-t-il.
Au même moment, les opérations de recherche des victimes sous les gravats étaient en cours. « J’étais conscient que la situation était sérieuse, mais comme il y avait d’autres travailleurs sur le site, je ne pouvais pas, à cet instant, demander des nouvelles de mon frère», ajoute Mbacké Mbengue. C’est pourquoi il a de nouveau contacté son informateur afin d’être édifié. C’est alors que celui-ci lui annonça le décès de Serigne Modou Lèye, qui était leur voisin. Ainsi, Serigne Mbacké Mbengue a essayé de joindre son frère Alioune Badara Mbengue. Trois tentatives, mais ce dernier ne décroche pas son téléphone. Alors, il prend la décision de se rendre immédiatement à Touba pour s’enquérir de la situation.
En cours de route, il reçoit l’annonce que les opérations de recherche ont été conclues et que le corps de son frère n’a pas encore été retrouvé. Bado Dieng, l’ami de l’ouvrier décédé, a fait le tour des hôpitaux où sont hospitalisés les blessés. Il a fini par retrouver son ami Alioune Badara Mbengue à la morgue de l’hôpital Matlaboul Fawzeyni. Serigne Mbacké Mbengue témoigne que son frère Alioune Badara était un ami pour tous les membres de la famille. « Les bienfaits qu’il a apportés à la maison me dépassent », informe-t-il, rappelant qu’il était d’un grand soutien pour lui. « À son retour du boulot, il prenait le temps de se promener avec tous les enfants. Il n’était préoccupé que par son travail », a-t-il terminé, priant pour que son âme repose en paix.
Birane DIOP (Correspondant)