Sur leur trente-et-un, vêtus de chemises blanches à longues manches et de pantalons noirs, quatre militaires de la marine française ont comparu ce matin devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Ils étaient poursuivis pour détention et usage de chanvre indien, rébellion, outrage à agent et voies de fait.
Le sort joue parfois des tours. Au Sénégal, dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue, quatre marins français — D. Salvia, P. Legoff, D. Soham et D. Sorha — se sont retrouvés devant la justice. Ils étaient poursuivis pour détention et usage de chanvre indien, rébellion et outrage à agent dans l’exercice de ses fonctions. Les violences à agent ont été retenues contre D. Salvia et P. Legoff. Ce dernier a également été poursuivi pour corruption.
D’après le récit du policier A. Diop, dans la nuit du 17 au 18 septembre dernier, il dirigeait une patrouille engagée dans une ruelle proche du commissariat central de Dakar. Trois agents étaient à pied avec lui, tandis qu’un cinquième restait dans un véhicule banalisé. L’un des agents a affirmé avoir vu P. Legoff jeter un joint de chanvre indien. Lorsqu’il a tenté de procéder à son arrestation, les trois autres marins s’y sont opposés, soutenant qu’ils n’avaient pas affaire à de véritables policiers. D. Salvia et P. Legoff l’auraient alors empoigné, déchiré sa tenue et blessé à la bouche, bien qu’aucun certificat médical n’ait été produit. Toujours selon le policier, D. Salvia lui aurait ensuite proposé 100 000 F CFA pour obtenir leur libération.
À la barre, les prévenus ont nié l’ensemble des faits, sauf D. Salvia qui a reconnu avoir fait cette proposition. Leur ligne de défense : les agents étant en civil, ils les auraient pris pour des agresseurs. Les marins ont rappelé qu’ils étaient au Sénégal dans le cadre d’une mission de surveillance des côtes contre les narcotrafiquants et qu’ils se rendaient simplement dans un restaurant.
Le représentant du ministère public a estimé qu’un seul prévenu pouvait être reconnu détenteur du joint, mais a retenu la rébellion avec violences lors de l’arrestation. Il a requis la relaxe pour D. Sorha, six mois dont trois fermes contre D. Salvia, ainsi qu’un mois ferme contre P. Legoff et D. Soham.
Pour leur part, les quatre avocats de la défense ont plaidé la relaxe, estimant que l’imputabilité sur la détention du joint ne tenait pas. Ils ont insisté sur le fait que leurs clients étaient des militaires en mission délicate, arrivés d’un navire de guerre, et qu’ils avaient eu peur d’être agressés dans un pays étranger.
Au terme des débats, D. Soham et D. Sorha ont été relaxés de tous les chefs d’accusation. D. Salvia et P. Legoff, eux, ont été condamnés à un mois de prison assorti du sursis pour rébellion à agent.
Hadja Diaw GAYE