À une quinzaine de kilomètres de Mbacké, le village de Digane reste un haut lieu de spiritualité. Fondée par Cheikh Mamadou Aly Sow, disciple de Cheikh Sadbou Abihi, cette localité célèbre, depuis plus d’un siècle, la naissance du Prophète Mouhamed (Psl). Chaque année, des milliers de fidèles y convergent pour le Mawlid, une tradition transmise de génération en génération.
Situé à deux kilomètres de Ngabou, sur l’axe Mbacké, Digane est aujourd’hui le siège de la Qadiriyya dans le département. Son fondateur, Cheikh Mamadou Aly Sow, né en 1854 à Bathia Rohi, avait rencontré Cheikh Sadbou Abihi à Saint-Louis en 1885.
Marchand à l’origine, il devint son disciple et passa trois années en Mauritanie auprès de lui. Envoyé ensuite à Digane pour y implanter l’islam, il fit face à de nombreuses difficultés et dut s’exiler dans le Saloum avant de revenir, sur les conseils de son maître.
À force de persévérance, il rassembla des disciples, instaura la célébration annuelle du Mawlid et confia même son fils aîné à Cheikh Sadbou Abihi. Décédé en 1926, il fut remplacé par son fils Cheikh Sadbou Digane, khalife jusqu’en 1987. Aujourd’hui, la mosquée aux minarets imposants domine le village, symbole de son rayonnement religieux.
À l’entrée, des haut-parleurs diffusent des versets coraniques, accueillant les fidèles venus accomplir la prière. Majoritairement peuplé de Peuls, Digane reste profondément marqué par l’œuvre de son fondateur.
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«C’est une cité religieuse où le Mawlid est célébré avec ferveur depuis toujours », rappelle Cheikh Sadbou Sow, fils de l’actuel khalife, Serigne Ahmed Sow.
La célébration attire chaque année des fidèles venus du département, mais aussi de l’étranger, signe de l’ancrage de la Qadiriyya. Mais la localité qui compte environ 1 000 habitants fait face à de nombreux défis. Le poste de santé, érigé en 2010, n’a pas de clôture. La sage-femme, sans logement, doit se déplacer quotidiennement depuis Touba et, faute de maternité, les accouchements ont parfois lieu dans son bureau.
L’école primaire, ouverte en 1987, ne dispose pas non plus de clôture, ce qui constitue une source d’insécurité pour les élèves. Autre préoccupation : le chantier d’une nouvelle mosquée, lancé en 2023 dans le cadre du programme de modernisation des cités religieuses, est à l’arrêt depuis 2024. Les responsables appellent à l’appui de l’État.
« Nous sollicitons l’intervention du président de la République et de son Premier ministre pour relancer les travaux », plaide Cheikh Sadbou Sow. Si Digane demeure une terre de ferveur et de tradition, son développement reste une attente forte de ses habitants.
Birane DIOP (Correspondant)