Ancien membre de la communauté des « Yalla Yalla », B. M. Sarr s’est lancé dans une vaste campagne de dénigrement contre ses ex-guides spirituels à travers plus de 250 vidéos publiées sur YouTube et TikTok. Il risque six mois de prison ferme pour insultes envers un groupe et discours contraires aux bonnes mœurs.
Il suffit de taper « B. M. Sarr Yalla Yalla » sur YouTube ou TikTok pour voir défiler plus de 200 vidéos dans lesquelles l’intéressé s’en prend violemment aux « Yalla Yalla » et à d’autres membres de confréries religieuses. Tailleur de profession reconverti en prêcheur, il a été placé sous mandat de dépôt le 21 juin dernier. Il comparaissait ce matin devant le tribunal des flagrants délits de Dakar.
Selon El Hadji Djiby Séye, représentant du guide religieux Cheikh Aliou Cissé (fils de Cheikh Moussa Cissé, décédé en 1994), tout a commencé en décembre 2024. À cette date, B. M. Sarr, ayant quitté les rangs des « Yalla Yalla », aurait publié une vingtaine de vidéos dans lesquelles il dénigrait ouvertement leur guide spirituel. Une première plainte avait alors été déposée à la Division spéciale de la cybersécurité (DSC). Après une première garde à vue, et des excuses acceptées, l’affaire semblait close.
Mais à sa sortie, l’accusé est revenu à la charge avec encore plus de virulence. Ce sont finalement plus de 250 vidéos qu’il a publiées, poussant les plaignants à saisir à nouveau la DSC, ce qui a conduit à son arrestation.
L’une des vidéos, projetée à l’audience, montre le prévenu levant l’index vers le ciel et affirmant que certains talibés qui « vénèrent une femme ou un petit pagne, consomment de l’alcool ou du chanvre indien, sont guidés par des voyous et des bandits ».
Âgé de 33 ans et domicilié à Niague, B. M. Sarr a reconnu l’ensemble de ses propos, sans chercher à se rétracter. « Si on avait tenu les mêmes propos sur mon marabout ou mon défunt père, cela m’aurait profondément choqué », a-t-il concédé.
Les avocats de la partie civile ont réclamé un franc symbolique en guise de dommages et intérêts. De son côté, la représentante du parquet a souligné que l’accusé appelait les « Yalla Yalla » les « Yali Yali », et qualifiait leur guide de « Serigne Djombé », avant de requérir six mois de prison ferme.
L’avocat de la défense a reconnu que son client avait eu tort dans sa manière de répondre à certains messages véhiculés par le Khalife des Yalla Yalla. Toutefois, il estime que ce dernier n’étant pas un « ministre du culte dans l’exercice de ses fonctions », les infractions retenues ne sont pas constituées et doivent être écartées.
Le tribunal a mis l’affaire en délibéré. Le verdict est attendu le 30 juillet.
Hadja Diaw GAYE