Le jour et la période de naissance sont aussi importants dans le choix des prénoms à travers les ethnies. Sobel Dione explique que chez les Sérères, au cours de la cérémonie du « Bat » (baptême), le prénom fait exister socialement le bébé. C’est en principe la sœur du père qui donne le prénom à l’enfant. Elle peut choisir un nom dans la famille paternelle, mais les circonstances de la naissance peuvent orienter vers un autre. C’est la raison pour laquelle on retrouve chez cette ethnie des prénoms comme Téning, qui équivaut à lundi, Khémesse, qui renvoie à jeudi, Dibor à dimanche, Latyr désignant celui qui est né mardi.
« Il y a des noms chez les Pulaars choisis pour décrire un état physique chez l’enfant ou au moment où il est né », renseigne Pape Ali Diallo. Juulde pour un enfant né le jour de la Tabaski, Korka évoque un enfant né dans le mois de ramadan, Lamaraana pour un enfant né le mois de ramadan, ou encore Saajo pour désigner un enfant né juste après des jumeaux, sont autant d’exemples.
Les prénoms tels qu’Aldiouma (vendredi), Tabaski, Gamou, Touba sont autant d’appellations en rapport avec les circonstances de naissance retrouvées chez les Wolofs.
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Le rapport avec les liens familiaux
Le premier arrivé est souvent le premier servi, et l’ordre d’arrivée des enfants n’est pas une exception. Dans la culture pulaar, il y a des prénoms généalogiques, car les prénoms respectent chez les Pulaars une certaine typologie. Ceux-ci sont attribués en fonction de l’ordre de naissance du côté de la mère.
« Par rapport à la fratrie, l’aîné doit s’appeler traditionnellement Dikko, le suivant Samba, le troisième Demba, etc. Chez les femmes, on a l’aînée qui s’appelle Dikko ou Saara, ensuite Kumba, Demmo, Penda, Daado, ainsi de suite », a expliqué Pape Ali Diallo.
Les jumeaux s’appellent Subboo et Gunndoo, qu’ils soient des filles ou des garçons. Celui qui suit la venue au monde des jumeaux s’appelle Saajo, sans distinction de sexe.
Les Pulaars constituent, selon Papa Ali Diallo, une société dans laquelle la filiation se fait par les mâles, cela après l’avènement de l’islam. C’est donc au père que revient le droit de choisir un dénominatif pour le nouveau-né, mais celui-ci est suivi de celui du père. Il y a donc une juxtaposition du prénom de l’enfant et de celui du père. « Cela caractérise une sorte d’identité nominale. On s’identifie d’abord par rapport à son père », précise le linguiste. Il permet aussi, selon ses explications, de faire la distinction entre des enfants ayant le même prénom. Cette juxtaposition du prénom intervient dans certains cas où une femme pulaar se marie avec un homme qui n’est pas pulaar. La famille maternelle peut ajouter le nom de la mère lors du baptême de l’enfant, pour s’approprier le nouveau-né, explique Papa Ali Diallo.
Les prénoms varient selon le rang au sein de la famille du côté des Sérères. Sobel Dione liste entre autres Mame Koorpour le grand-père, Mame Ndew pour la grand-mère, Makane pour l’aînée des jumelles, Ndébane désigne la cadette des jumelles, Ngormack pour l’aîné des jumeaux et Ngor Ndép pour désigner le cadet des jumeaux.
Un enfant peut porter le prénom de son père biologique chez les Diolas, mais à condition d’y associer le terme ampa pour les garçons ou agno pour les filles. « On dira ainsi Ampasabeuly, fils de Sabeuly, Agnosidiock, la fille de Sidiock », étaye Paul Diédhiou. L’enfant peut également porter le prénom de son grand-père pour les garçons, Ampasibakouty, et de sa grand-mère pour les filles, Ajowbuyonah.
Arame NDIAYE