À peine un jour après l’incident survenu à Touba dimanche dernier, le ministre chargé de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des Territoires a fait sa visite dans la ville sainte. Après avoir inspecté le site de l’accident et rencontré les personnes blessées, Balla Moussa Fofana a déclaré des mesures de réformes destinées à fournir aux municipalités des services techniques d’urbanisme efficaces.
La perte de onze vies? et sept autres personnes blessées à la suite de l’effondrement du bâtiment R+3 à Touba Darou Khoudoss souligne la nécessité urgente de fournir aux collectivités territoriales des services techniques d’urbanisme efficaces. C’est ce qu’affirme le ministre Balla Moussa Fofana qui s’est rendu dans la ville sainte ce lundi.
La présence du directeur de l’Inspection Générale du Bâtiment (IGB) ainsi que celui du Cadre de Vie et de l’Hygiène Publique (DGCVHP) le jour de l’accident n’a pas empêché le ministre responsable de visiter les lieux où onze individus ont perdu la vie à cause de l’effondrement d’un immeuble de trois étages. Le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités Territoriales et de l’Aménagement des Territoires a pu constater personnellement l’ampleur de la catastrophe avant de se rendre auprès des blessés admis dans les hôpitaux Cheikh Ahmadoul Khadim et Matlaboul Fawzeyni.
Balla Moussa Fofana a donc exprimé sa reconnaissance envers l’engagement des services de santé pour soutenir les victimes. Selon lui, le dévouement qu’il a constaté lors de sa visite apporte une grande confiance quant aux soins médicaux fournis aux blessés. « J’ai personnellement visité le site et constaté la qualité des soins ainsi que le dévouement », a-t-il déclaré, en remerciant les pompiers, la gendarmerie et le personnel médical au nom du Président de la République.
De plus, sa visite à Touba a permis à Balla Moussa Fofana de vérifier sur place le premier rapport technique concernant les insuffisances du chantier en cours. Dès le début, le ministre de l’Urbanisme a regretté la vitesse à laquelle les travaux avançaient. Il a expliqué qu’ériger un bâtiment de trois étages en seulement cinq à sept mois, sans donner à la structure le temps de se consolider, représente déjà une problématique.
En attendant la validation de l’évaluation initiale de la situation, il a également critiqué la qualité des matériaux utilisés pour la construction. Il a observé que le mélange de ciment ne possède pas nécessairement les caractéristiques nécessaires, mais surtout, il y a une question de structure. Ces insuffisances, parmi beaucoup d’autres aspects, indiquent, selon lui, qu’avant de se prononcer sur la situation, il était crucial de prendre le temps non seulement de préserver des vies, mais aussi de réaliser un premier diagnostic basé sur des faits réels et authentiques.
En ce sens, il a déclaré que les événements survenus à Touba Darou Khoudoss démontrent une nouvelle fois pourquoi les nouvelles autorités ont ordonné de consolider tous les services de supervision de son département. Selon lui, ce problème se répète fréquemment et ils ont pris en charge une situation très difficile. En fait, il a précisé que des dangers significatifs ont été relevés dans ce domaine. De plus, ils en ont déjà fait part. « Rien qu’à Dakar, nous sommes à plus de mille quatre cent bâtiments qui aujourd’hui posent problème », clame-t-il, annonçant des réformes en cours sur notre manière de construire et les bâtiments menaçant de ruine.
À ce propos, Balla Moussa Fofana mentionne l’obligation de chacun. « Chaque sénégalais a le droit d’avoir un permis de conduire, d’acheter un véhicule, la même chose, chaque sénégalais a le droit d’acheter un terrain et de le construire », a-t-il avancé. Cependant, d’après lui, lorsque l’on doit réaliser cette construction, il est essentiel de le faire selon les normes appropriées. « C’est d’abord une responsabilité civile mais aussi professionnelle »,dit-il. Car, selon lui, ce sont des experts qui sont désignés pour accomplir cette tâche après obtention de l’autorisation de construction, même s’il y a une spécificité à Touba à ce sujet. C’est pourquoi il se sent obligé de critiquer la société responsable de la construction. Balla Moussa Fofana a remarqué que l’entreprise chargée de ce projet avait récemment été impliquée dans des constats et des erreurs assez significatives concernant un autre chantier. Cela montre, d’après lui, qu’il est impératif de renforcer notre vigilance en ce qui concerne le suivi des travaux.
Les collectivités locales à la rescousses
Pour faire face à ce problème d’effondrement des constructions, il pense que le gouvernement sénégalais a choisi la meilleure solution. Cela consiste à étoffer nos collectivités locales avec des services techniques d’urbanisme actifs, des ingénieurs et des spécialistes du bâtiment. En effet, a-t-il précisé, c’est au niveau des communes que nous pouvons surveiller tous les chantiers en cours afin de garantir le respect des délais, des matériaux et de vérifier ce qui est réellement exécuté. Cependant, il est obligé de le dire: « Aujourd’hui notre décentralisation ne prévoit pas dans les organigrammes l’obligation d’avoir un tel bureau », annonçant que des réformes sont en cours.
« C’est d’ailleurs pour ça que nous prévoyons dans la prochaine réforme la prise en charge de cet aspect », a-t-il ajouté. D’ici là, il a appelé tous les acteurs à faire preuve de prudence et à collaborer étroitement. Dans ce cadre, il a déclaré qu’un numéro vert sera créé pour que chaque citoyen repérant des problèmes et des enjeux importants puisse informer l’inspection générale du bâtiment, en attendant que toutes nos municipalités soient équipées de services techniques capables de soutenir l’État. Dans le cas de Touba, il a indiqué qu’avec l’aide des autorités, ils examineront le système spécifique qu’ils mettront en œuvre rapidement. Parce que, dit-il, « la ville sainte connaît une croissance urbaine assez rapide et nous devons la traiter avec particularité ».
Il a, en effet, renouvelé les sympathies de l’État du Sénégal à toutes les communautés en ces temps difficiles où des vies sont affectées.
Birane Diop (correspondant)