Véritable cheville ouvrière du Conseil départemental de Goudiry, El Hadji Sao, professeur de Sciences de la vie à la retraite, assure au quotidien le fonctionnement dudit Conseil. En sa qualité de Secrétaire général, il veille au fonctionnement quotidien et se bat pour l’avancement de sa contrée presque dépourvue de tout. Il milite, à l’instar d’autres acteurs, pour la réalisation d’un port sec à Goudiry pour une « ascension rapide du futur pôle territoire dans un contexte sous-régional ».
Le département de Goudiry est le plus vaste du Sénégal, mais fait face à de nombreux défis. Comment le Conseil départemental essaie de les relever ?
Le Conseil départemental, depuis son avènement, a adopté une approche inclusive et planifiée dans toutes ses initiatives. C’est ainsi qu’au début du premier mandat, un Plan d’actions prioritaires (Pap) avait été mis en place avec tous les acteurs au niveau local avant de le partager avec la diaspora basée en France, en mai 2015, dans le cadre d’un forum organisé en présence des maires du département, du préfet, des associations de migrants, du consul général du Sénégal en France et de partenaires au développement avec l’accompagnement de l’Agence régionale de développement (Ard) et du Programme d’appui aux initiatives de solidarité pour le développement (Paisd). C’est de cette initiative qu’est né le lycée départemental de Goudiry. Par la suite, nous avons élaboré notre Plan départemental de développement (Pdd) et notre Schéma départemental d’aménagement et de développement territorial (Sdadt) avec l’appui de l’Agence nationale (Anat). Ce dernier outil de planification cité permettra la mise en place de pôles de développement par la valorisation des ressources locales des différentes zones identifiées.
Pour résumer, nous essayons de relever les défis en travaillant en étroite collaboration avec les maires de nos communes, la diaspora, les partenaires au développement et par le plaidoyer auprès de l’État dans un cadre planifié.
L’accessibilité du Boundou pose problème eu égard à l’absence d’infrastructures routières. En quoi cet handicap impacte le quotidien des populations ?
Le département dispose d’une seule route bitumée c’est la Rn1 qui le traverse pour aller en direction du Mali. Partout ailleurs l’accès est difficile y compris les zones ayant bénéficié de pistes de production ces dernières, car elle se dégradent au fil des ans faute d’entretien. Il s’agit là d’une contrainte qui impacte sur plusieurs secteurs d’activités dont le coût du transport (personnes et marchandises), le taux de mortalité néonatale (lié au retard dans les évacuations sanitaires), l’absence d’investissement de l’agrobusiness dans des zones regorgeant de vastes terres fertiles, …
Le Boundou reste une terre d’histoire et de culture pourtant méconnu de nombreux Sénégalais. Comment comptez-vous le rendre plus attractif ?
Le conseil départemental a eu à travailler en partenariat avec l’association « Arc-en-ciel » basée à Goudiry pour l’organisation de journées culturelles dénommées « Écho du Boundou » étalées sur trois jours. Il s’agissait de regrouper, une fois par an, les principaux acteurs culturels (troupes, musiciens, lutteurs traditionnels) du département de Goudiry et des autres de la région. L’ambition, aujourd’hui, c’est d’organiser des journées d’études devant aboutir à l’élaboration d’un plan d’actions qui devra intégrer, entre autres, un inventaire exhaustif du patrimoine culturel (monuments, sites), des acteurs et l’élaboration d’un calendrier annuel d’activités. La valorisation du Yéla du Boundou et de toutes les autres composantes culturelles valent bien le challenge.
Goudiry, capitale départementale, ne bénéficie de sa proximité avec la frontière malienne et du transit des transports. Quel est votre appel aux autorités ?
La capitale départementale est à 70 km de la frontière avec le Mali. Elle est donc traversée par la ligne de chemin de fer Dakar-Bamako. Du côté Sud la région de Kédougou est à moins de 150 km et du côté Nord la région de Matam est à moins de 100 km, donc pas trop loin de la Mauritanie. Nous voyons les gros porteurs en direction du Mali passer chaque jour par dizaines. Pour toutes ces raisons nous pensons que la réalisation d’un port sec à Goudiry qui dispose de beaucoup d’espaces sans aucun obstacle géographique contribuerait à l’ascension rapide du futur pôle territoire dans un contexte de partenariat sous-régional.
Par Ibrahima Khaliloullah NDIAYE et Ibrahima KANDE (textes)