Après une douzaine d’années passées au service des Nations unies, notre compatriote El Hadji Ibrahima Boly Diène rejoint l’Union africaine (UA) où il aura à diriger, en tant qu’ambassadeur, la nouvelle Mission d’appui et de stabilisation en Somalie (AUSSOM). Cette force de 12 500 hommes et femmes pilotera la consolidation de la paix et de la démocratie dans ce pays.
Une consécration et une belle victoire pour la diplomatie sénégalaise. C’est ainsi que l’on peut qualifier la nomination d’El Hadji Ibrahima Boly Diène comme ambassadeur de l’Union africaine. À ce titre, il va diriger la nouvelle Mission d’appui et de stabilisation en Somalie (AUSSOM), renseigne un communiqué publié hier. Selon la même source, il est arrivé hier à Mogadiscio, où il a été reçu à l’aéroport international d’Aden Abdulle par de hauts fonctionnaires de l’AUSSOM.
Ancien commando de l’air et pilote de chasse, El Hadji Boly Diène est passé par bien des zones de turbulences avant de porter les habits de diplomate. En tant que brillant officier supérieur de l’Armée de l’air sénégalaise, ce diplômé de Salon-de-Provence, en France, a passé un quart de siècle sous les drapeaux (1989-2013).
L’ambassadeur Diène « apporte une riche expérience au rôle, ayant occupé diverses positions tactiques, opérationnelles et stratégiques à l’intérieur et à l’extérieur du Sénégal. Sa vaste expérience couvre les conflits et les situations de crise en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale et en Afrique de l’Est, y compris la participation active aux missions de maintien de la paix en République démocratique du Congo (RDC), en Syrie et au Mali, mais aussi dans des missions politiques spéciales… », souligne-t-on dans le communiqué.
En République démocratique du Congo (RDC) et en Syrie, El Hadji Ibrahima Boly Diène a participé à plusieurs missions de maintien de la paix en tant qu’officier, avant de passer une dizaine d’années au Mali, entre 2013 et 2023, après son départ de l’armée sénégalaise.
Un homme de terrain
Au pays de la « diatiguiya », Boly, comme l’appellent ses proches et collaborateurs, a été coordonnateur civilo-militaire à OCHA au Mali avant de rejoindre la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) en tant que chef du Centre conjoint des opérations (JOC), le 1er août 2015. À partir de juin 2017, il a été, à deux reprises, chef du Bureau régional de la MINUSMA à Kidal, une des zones les plus à risques gérées par les Casques bleus, avant de revenir ensuite au siège, à Bamako, comme directeur de cabinet par intérim du chef de la Mission. M. Diène a été l’un des artisans du désengagement, avec succès, de la MINUSMA en moins de six mois.
Depuis décembre 2023, il était en poste à Libreville comme directeur de cabinet au Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (UNOCA).
Ancien du Prytanée de Saint-Louis
À 57 ans, cet ancien enfant de troupe du Prytanée militaire de Saint-Louis, marié et père de trois enfants, est titulaire de plusieurs masters et diplômes en art militaire, sciences politiques, aéronautique et gestion de programmes. Physique imposant et barbe blanche touffue, El Hadji Ibrahima Boly Diène est plutôt réputé « très humble, calme et d’un commerce agréable, même si son franc-parler de “boy Médina” est légendaire », témoigne un de ses anciens frères d’armes. Ce dernier ajoute : « Il est contre toutes les formes d’injustice et très fidèle en amitié. » Fils d’un célèbre imam de la Médina, Baye Dame Diène, et neveu d’une des anciennes égéries du Parti socialiste, la députée Adja Arame Diène, il a très tôt été familiarisé à la chose militaire en intégrant, à 11 ans, le très élitiste Prytanée militaire de Saint-Louis où il fut un très bon basketteur avant d’y décrocher un bac scientifique.
L’expérience de l’ambassadeur Boly dans les différents théâtres d’opérations et zones de crise lui servira sans doute à la tête de l’AUSSOM, une mission de 12 500 hommes et femmes composés de militaires, policiers et civils en soutien à la stabilisation de la Somalie, pays martyrisé par plusieurs années de guerre civile et de terrorisme.
« L’AUSSOM succède à la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) et a commencé ses activités le 1er janvier 2025 (…). Elle se concentrera sur les priorités en matière de stabilisation, de sécurité et de renforcement de l’État, dans le but de transférer l’intégralité des responsabilités en matière de sécurité aux forces de sécurité somaliennes d’ici à décembre 2029 », lit-on sur le site web de la Mission.
Une opération « Restore Hope », plus de 30 ans après celle du même nom, menée par les États-Unis ? Non ! Cette fois-ci, ni GI’s, ni Rangers, encore moins de Black Hawks (hélicoptères d’attaque américains) dans le ciel. La Mission d’appui et de stabilisation de l’Union africaine sera composée uniquement de soldats et policiers d’Afrique qui aideront à convaincre les frères somaliens que le chemin de la paix est la seule voie qui peut mener leur pays au bonheur.
Ibrahima Khaliloullah NDIAYE