La communauté internationale célèbre, cette semaine, la journée de la femme. Cette date, loin de constituer un moment de folklore, a toujours permis aux femmes de discuter de questions essentielles et de jeter de nouvelles bases pour une meilleure prise en compte de leurs préoccupations.
Il sera question, pour paraphraser certaines, d’étudier le présent à la lumière du passé en vue de préparer l’avenir en toute sérénité. Cette journée symbolique vise à rendre hommage à tous ceux qui se sont investis pleinement dans la lutte contre les discriminations professionnelles. Elle permet aussi d’engager de nouveau la réflexion en vue d’instaurer l’égalité des droits entre les deux sexes. C’est l’occasion également de rappeler que la voix féminine est devenue cette grande voix décomplexée.
Les femmes ont dit non à une discrimination au rabais, elles ont noué leurs pagnes (pour parler littéralement), réajusté leurs « moussors » pour contrer les comportements misogynes. Leur combat a porté ses fruits, même s’il reste encore un long chemin à parcourir. Des hommes, leurs partenaires de tous les jours, commencent à appréhender la portée de leur approche et à se faire à l’idée que les mouvements féminins ont toujours adopté une démarche constructive.
Ils ont compris que c’est dans la perspective d’offrir à chaque membre de la famille des chances de réussite. Si elles haussent le ton, ce n’est pas pour remodeler la société selon leur propre vouloir, installer le chaos ou ne pas respecter des ordres. Elles souhaitent que l’égalité des chances soit une réalité dans nos pays. Ce n’est pas fortuit si elles mettent le plus l’accent sur la famille présentée comme un microcosme de la société.
Elles tiennent à la promotion d’une famille plus épanouie, à ce que les deux parents soient en mesure d’exercer convenablement leurs autorités et à mettre fin aux injustices générées par des textes législatifs qui ne sont plus d’actualité. C’est le sens d’ailleurs du projet de la réforme du Code de la famille, porté par l’Association des juristes sénégalaises (Ajs) depuis plusieurs années. Avec d’autres associations féminines, elles ont décidé de se donner à fond pour son harmonisation avec les nombreux traités et conventions ratifiés par le Sénégal.
Mais le seul hic, elles font toujours face à la résistance de groupuscules qui sont allergiques au toilettage de ce document. Ils s’érigent en bouclier contre cette refonte et réajustent leur fusil d’épaule dès qu’un nouveau régime s’installe. Certainement, cautionnent-ils des articles discriminatoires comme l’interdiction de recherche de paternité octroyée par le Code en vigueur. Une disposition qui porte préjudice aux enfants qui n’ont pas la possibilité d’identifier leur père et qui développent souvent des complexes d’infériorité devant leurs semblables.
Les expériences ont mis en lumière le sens des responsabilités des femmes qui, malgré cet affront voire la fuite de leurs partenaires, se donnent les moyens d’offrir, toutes seules, une bonne éducation à leurs enfants au moment où le père peut se la couler douce, s’offrir des plaisirs avec d’autres femmes et se refaire une vie stable. Heureusement qu’il en existe encore des hommes, très ouverts d’esprit, disposés à soutenir les mouvements féminins dans leur projet de refondation de la famille sénégalaise très touchée par l’effritement des valeurs sociétales.
L’exemple de l’expert en droit, Me Gandou, devrait faire tache d’huile surtout qu’il a reconnu publiquement que le Code de la famille, considéré dans le passé comme un code consensuel, un code de compromis, est devenu problématique. Ces propos font encore tilt.
« C’est un texte qui, aujourd’hui, a énormément de difficultés par rapport à certains enfants qui sont nés dans l’interdiction assez particulière et qui aujourd’hui ne peuvent pas rechercher leurs parents, encore moins cette possibilité n’est pas offerte à leur maman pour pouvoir les aider à accéder à cette reconnaissance », déplorait-il. La célébration de la journée de la femme, le 8 mars prochain, un grand moment de réflexion et d’introspection, aidera certainement à conscientiser les récalcitrants et à susciter leur adhésion au combat des femmes qui visent à restaurer un certain ordre social. matel.bocoum@lesoleil.sn