Étudiante en sixième année de médecine, R. Hassan a été attraite, hier, à la barre des flagrants délits de Dakar pour exercice illégal de la médecine. Il lui est reproché d’avoir servi comme médecin dans une clinique avec une fausse attestation de soutenance.
Divorcée, R. Hassan a vu le monde s’écrouler sous ses pieds. Sans source de revenus, elle a décidé d’intégrer le monde du travail. Par l’entremise d’une dame qui la considère comme sa fille, l’étudiante en sixième année de médecine est recrutée dans une clinique de la place. Elle travaillait comme médecin stagiaire avec un salaire de 200.000 FCfa. Cela, en attendant de produire son diplôme. Car, elle avait fait croire à son employeur qu’elle avait soutenu sa thèse en février 2024, mais l’école ne lui avait pas encore délivré le document. Après un an de service, la directrice adjointe de la clinique lui a enjoint de déposer son diplôme pour éviter d’avoir des ennuis.
Ayant peur de perdre son emploi, l’étudiante trentenaire présente une attestation de soutenance de thèse en médecine. Cependant, après réception du document, Mme Saba s’est rendue à l’université privée Euromed, sise à Ouakam, pour vérifier l’authenticité de l’attestation de soutenance. Elle découvre la supercherie car, le directeur de l’établissement lui révèle qu’il s’agit d’un faux diplôme. Pis, il lui confie que la prévenue n’a même pas démarré la septième année. Démasquée, R. Hassan est arrêtée et placée sous mandat de dépôt pour exercice illégal de la médecine, mise en danger de la vie d’autrui, escroquerie, faux et usage de faux dans un document administratif.
Face aux juges des flagrants délits du tribunal de grande instance de Dakar, hier, elle n’a reconnu que l’usage de faux. «L’attestation m’a été envoyée par ma mère depuis la Côte d’ivoire. C’est ensuite que je l’ai transférée à la directrice de la clinique», a confié la prévenue avant de confesser : «la date de naissance qui est inscrite sur le document n’est pas la mienne». À l’en croire, c’est bien après qu’elle a découvert le faux. «Je lui ai demandé de m’envoyer l’attestation de l’année en cours, mais, elle m’a transféré une capture d’écran d’une attestation de soutenance que j’ai partagée avec Mme Saba sans vérifier. Contestant l’exercice illégal de la médecine, l’étudiante a soutenu qu’elle ne s’occupait que des malades hospitalisés durant les matinées uniquement. «Les seules consultations que j’ai eu à faire étaient organisées dans le cadre des consultations gratuites. Je n’ai jamais assuré la garde», a indiqué R. Hassan. La directrice qui a tenté de la sauver d’une condamnation, l’a décrite comme une travailleuse assidue. Mme Saba a affirmé que R. Hassan ne posait aucun acte médical. «C’est son faux diplôme qui m’a mise mal à l’aise. Mais c’est une fille travailleuse. Elle s’occupait bien des dossiers des malades. Elle ne posait aucun acte médical», a-t-elle plaidé.
Pour le parquet, cette dernière cherche juste à décharger la prévenue, «alors qu’elle n’a pas été rigoureuse au moment du recrutement». Concernant la prévenue, il considère que les faits sont établis puisque R. Hassan a posé des actes relevant de la fonction de médecine. «Devant les enquêteurs, elle a refusé l’exploitation de son téléphone portable. Cela signifie que le diplôme ne provient pas de sa mère. Elle a mis en danger la vie des patients. C’est sur la base d’une fausse attestation qu’elle a été recrutée et payée ; donc l’escroquerie est aussi constante», a souligné le maître des poursuites. Jugeant les faits graves, il a requis deux ans ferme. Pour la défense, seul l’usage de faux est établi. Par conséquent R. Hassan mérite la clémence afin qu’elle puisse finir ses études et devenir médecin. Le tribunal rendra sa décision le 22 janvier prochain.
Fatou Sy