Porte-parole des orphelins et rescapés du chavirement de la pirogue de Bettenty, Fally Diouf souligne que l’État respecte ses engagements envers les orphelins, qui étaient au départ au nombre de 53. Aujourd’hui, ces derniers reçoivent chacun 150 000 F CFA par trimestre.
« La pirogue contenait 71 personnes. On a pu repêcher tous les corps des 21 victimes et elles étaient toutes des femmes. Les rescapés sont au nombre de 50. C’étaient vraiment des moments de grande tristesse. Depuis lors, je n’ai pas cessé de m’occuper des rescapés et des orphelins. On a recensé tous les rescapés ainsi que les orphelins et on leur a procuré des papiers afin qu’ils puissent être pris en charge par le gouvernement », explique Fally Diouf, point focal de l’Association des victimes de Bettenty.
Au début, poursuit-il, les pupilles de la Nation dénombrées à la suite du drame de Bettenty étaient au nombre de 53 orphelins. Au fil des années, ceux qui ont eu 18 ans ont été exclus de la prise en charge de l’État. « Mais, depuis la tragédie, l’État respecte ses engagements envers les orphelins. Les premiers mois qui ont suivi le drame, les enfants recevaient chacun 35 000 francs et, après, le montant a été revu à la hausse. Ils ont commencé à percevoir 50 000 par mois et ils recevaient leur allocation par trimestre. Donc, tous les trois mois et jusqu’à présent, on leur donne 150 000 francs CFA pour la prise en charge de leurs études, de leurs besoins sanitaires, etc. », fait-il savoir.
L’électricité, une urgence sur l’île
Toutefois, au-delà de la prise en charge des orphelins, M. Diouf sollicite un appui de la part de l’Office national des pupilles de la Nation pour la construction d’un bâtiment où les femmes rescapées pourront stocker leurs affaires, à savoir le moulin, les congélateurs et les autres matériels.
« C’est vraiment une urgence. Certes, en 2024, il nous avait offert 1,5 million de francs CFA avec lequel j’ai fait construire deux cases qui leur servent de magasins de stockage. Cependant, le moulin n’est toujours pas utilisé à cause d’un manque d’électricité. Les installations ont déjà été faites et le souci, c’est de transformer l’électricité de haute tension en basse tension pour des usages domestiques », plaide-t-il.
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Si Fally Diouf tient à apporter un soutien logistique aux rescapées, c’est parce qu’à l’instar des habitants de Bettenty, il porte encore la douleur en son for intérieur et souhaite que ces dernières puissent s’épanouir à nouveau. Car, souligne notre interlocuteur, de temps en temps, les enfants des victimes viennent lui rendre visite en groupe. Et parfois, quand il les raccompagne et que les gens le voient avec eux, ils versent des larmes.
Le port du gilet, une obligation
« D’ailleurs, c’est pourquoi j’ai arrêté de me promener avec eux. S’ils viennent me voir, je les reçois au salon et, après discussion, je leur demande de rentrer seuls pour ne pas remuer le couteau dans la plaie. Parce que, quelles que soient les années écoulées, les gens n’ont toujours pas oublié la tragédie. Personnellement, quand j’y pense encore ou que j’évoque mes souvenirs à un moment, mes larmes coulent. C’est trop dur », raconte-t-il.
Aujourd’hui, malgré les contrecoups post-traumatiques, M. Diouf reconnaît que le drame a pu renforcer la vigilance et la rigueur concernant les normes de sécurité en mer.
« Avant le drame, les femmes ne portaient jamais de gilets de sauvetage pour aller en mer. Cependant, depuis cette tragédie, c’est devenu une obligation pour la traversée. Personne n’embarque sur une pirogue sans son gilet, et il est porté même au bord du quai avant d’embarquer et on ne l’enlève qu’une fois à quai », dit-il.
Mariama DIÈME – Arame NDIAYE (texte) – Jamil THIAM (images)