Les femmes de Nder se sont distinguées en ce mardi 7 mars 1820. Inscrivant à jamais leur nom dans la postérité. Elles avaient dit non à l’oppresseur colonial par l’immolation. Préférant mourir que d’être domptées. D’une mort plus qu’atroce.
Au-delà des périmètres du Walo, ces « linguères » (reines) ont façonné la légende de ce « Talaatay Nder » (le mardi de Nder). Cette douloureuse fin de vie a été préférée à l’aliénation de la liberté, de la dignité. Loin d’une légende, cette glorieuse histoire est transmise de génération en génération.
Espérant sa perpétuation par les héritiers de ces braves dames plus de deux siècles après l’acte de bravoure. Un acte que d’aucuns aimeraient tracer dans le marbre comme repère pour cette quête de plus de liberté, d’affirmation, d’indépendance… pour les femmes. La date de survenue du « Talatay Nder » et sa juxtaposition avec la journée du 8 mars, appelée Journée internationale de la femme ou Journée des droits des femmes, donne du grain à moudre à certaines féministes qui, pour le symbole et l’antériorité, souhaitent que, sous nos tropiques, soit choisie par les femmes dans leurs perpétuelles et éternelles luttes. Le suicide des femmes de Nder est donc hautement un acte de bravoure, de refus, de combat contrairement à ce que certains pourraient penser. L’acte doit être lu à l’aune du contexte esclavagiste et colonialiste de l’époque. Un contexte les réduisant à une condition de servitude faite de supplices et de violences.
La date du 8 mars, célébrée aujourd’hui partout dans le monde, ne vient pas supplanter celle du 7 mars, mais montrer que le combat des femmes, féministe ou féminin, a été, partout dans le monde, une quête perpétuelle et un combat partagé. Cette journée est, en effet, issue de l’histoire des luttes féministes menées sur les continents européen et américain.
Le 28 février 1909, une « Journée nationale de la femme » (National Woman’s Day) est célébrée aux États-Unis à l’appel du Parti socialiste d’Amérique. À la suite d’une proposition de Clara Zetkin en août 1910 à Copenhague, l’Internationale socialiste des femmes célèbre le 19 mars 1911 la première « Journée internationale des femmes » et revendique le droit de vote des femmes, le droit au travail et la fin des discriminations au travail. Depuis, des rassemblements et manifestations ont lieu tous les ans. Des pans d’histoire ont été inscrits dans la longue marche d’émancipation des femmes. Sans nul doute sur tous les continents, loin de l’amplification actuelle des médias de masse. Du droit de vote à l’accès à des financements ou à la propriété foncière, la quête des femmes a revêtu différents aspects les uns les plus dignes que les autres : lutte contre l’excision, les mariages précoces, égalité salariale, droit au travail, droit de choisir son conjoint, parité… Nous militons pour la cause de nos mères, épouses et sœurs.
Repoussant ces hideux clichés de jeunes filles jetées dans la meute des gares routières, des gargotes et autres lieux sordides. Tout comme nos pensées vont à l’endroit de celles-là qui sont les premières à se lever et les dernières à se coucher ; se dédiant au bon fonctionnement de la famille. Rien pourtant ne dénie la féminité de celle-là qui se bat pour les siens contrairement à l’assertion de Charles Régismans et qui veut qu’une « femme qui ne cherche pas à plaire n’est plus une femme ». Nous devrions tous convenir, loin de certains slogans creux comme la parité, que la femme doit occuper toute sa place dans la société. Elle est l’avenir de l’homme et de la société comme disait Louis Aragon. Ou encore accepter, avec Françoise Giroud, que la « femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente ».
« Reflet de la lumière divine », les femmes « tiennent entre leurs mains le salut du monde ». Chantons donc cette « belle femme (qui plaît) aux yeux, une belle femme plaît au Cœur », car l’une étant un « bijou » et l’autre un « trésor ». Ne soyons donc pas amoureux de la « plus belle femme, mais de celles-là qui embellissent notre monde au quotidien. ibrahimakhalil.ndiaye@lesoleil.sn