Aucun travail n’est de tout repos ! Certaines n’ont même pas droit à ce repos. Manque de prise en charge médical, maltraitance physique et morale ou encore salaire non payé, la liste est loin d’être exhaustive pour parler des conditions de travail de ces femmes de ménage. Leurs droits méconnus, elles subissent les foudres de leurs patrons au prix de leur subsistance. Mais le gouvernement du Sénégal n’est pas resté insensible face à cette situation. En effet, le ministère du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions a adopté un nouvel arrêté fixant les salaires minima catégoriels des travailleurs domestiques et des gens de maison, marquant une hausse notable par rapport aux grilles de rémunération en vigueur depuis 2009.
Sokhna Diarra Ngom discute gaiement avec ses collègues sous un arbre à Liberté 6. La vingtaine révolue, la jeune femme à la noirceur d’ébène est au chômage depuis quelques mois. Cet endroit de convergence des femmes de ménages et bonnes est son point de chute. Elle a décidé de démissionner de son travail après avoir d’après elle, vécu un enfer.
« J’étais dans des conditions très difficiles à Nord Foire. Ma patronne ne me donnait pas à manger et me faisait travailler jusqu’à des heures tardives», narre la fatickoise. La jeune femme a vite décidé de décamper après un mois à vivre dans ces difficultés. « J’ai finalement décidé de partir avec mes 50.000 FCfa. Je ne pouvais plus continuer à travailler dans ces circonstances », dit-elle dépitée.
Diarra Coly a aussi à quelques détails près, vécu le même calvaire que Sokhna Diarra. Assise un peu plus loin, c’est avec beaucoup de frustration que la quinquagénaire conte ses déboires chez son ancien employeur. « Je proposais mes services en tant que femme de ménage à Rufisque dans un R+3. C’était vraiment dur pour moi car je devais gérer mon transport et ma nourriture », se souvient-elle.
La résidente de Grand-Yoff a travaillé un an en faisant le ménage toute seule avec une liste de galères. « Je n’avais pas de prise en charge médicale ni de quiétude. C’était vraiment éprouvant », dit-elle avec un brin d’amertume. Diarra a eu des promesses d’augmentation salariales mais cela a été pour elle une goutte d’eau dans la mer : «Je gagnais 40.000 FCfa par mois. Ils m’ont promis une augmentation mais je n’ai jamais rien perçu. J’ai préféré partir pour le bien de ma santé ». La quinquagénaire espère un mieux-être loin des tracasseries.
« J’ai été contrainte aux travaux forcés»
Mariama Thiam est en retrait loin de ses camarades. Emmitouflée dans une robe en wax, un voile couvert sur la tête, elle traine un lourd fardeau. Accusée de vol à tort, elle porte encore les stigmates de cette injustice. C’est avec la voix teintée par l’émotion qu’elle raconte sa mésaventure avec ses patrons. « Je travaillais aux Maristes entre 2018 et 2019. Tout se passait bien jusqu’au jour où ma patronne m’accusa de vol de ses 50.000 F Cfa », débute-elle.
Mariama a clamé son innocence mais en vain. « J’ai alors été contrainte aux travaux forcés. Je n’avais plus droit à mon salaire. Ils m’ont privé de ma liberté et me maltraitait physiquement. Ils m’ont même confisqué mon portable », se souvient-elle la voix enrouée. La résidente de Fass Mbao a vécu quinze jours dans la tristesse : «Je ne faisais que pleurer. C’était vraiment traumatisant ». La trentenaire a finalement pu prouver son innocence.
« La lingère est venue rendre l’argent quelques temps plus tard. Mes patrons se sont confondus en excuse mais je n’arrive toujours pas à pardonner cette affront », affirme-t-elle. La trentenaire a démissionné après cet incident et a préféré couper les ponts avec cette famille et ce quartier qui lui rappelle de sombres souvenirs.
Awa Sarr allie boulot et études. Cette étudiante en première année en assistanat de direction dans une école de formation de la place, gagne sa vie pour assurer ses dépenses et souvent à ses risques et périls. L’étudiante âgée de 26 ans a bossé à Sacré-Cœur 3. Tout se passe pour le mieux jusqu’au jour où elle tombe malade. « J’étais vraiment mal en point. Je devais continuer malgré tout à charbonner sans prise en charge médicale et avec une patronne qui ne se préoccupait pas de mon état », confie-t-elle. La jeune femme décide alors de réunir ses derniers efforts et ses bagages. « J’ai démissionné au bout de quinze jours. Je voulais récupérer mes 50.000 FCfa mais même pour obtenir mon salaire, ce fut la croix et la bannière ». Elle a dû batailler pour récupérer son dû et assurer elle-même sa prise en charge médicale.
Arame NDIAYE