Femme curvy, femme pulpeuse ou encore femme forte, les appellations ne manquent pas pour désigner les femmes aux formes voluptueuses. Si certaines arrivent à s’assumer pleinement, l’habillement reste encore un défi de taille. Mais l’émergence de boutiques spécialisées donne de l’espoir.
« J’ai du mal à trouver des habits car ceux que je veux mettre parfois ne collent pas à ma taille », affirme Marième Pouye sans détour. Bien dans son corps, cette jeune femme à la noirceur d’ébène et aux formes plantureuses rencontre d’énormes problèmes pour trouver des vêtements extra-larges (XL) sur le marché. L’élève-maitresse au Centre Régional de Formation des Personnels de l’Éducation de Thiès en garde toujours un goût amer. « J’avais flashé un jour sur une jolie robe sur les réseaux sociaux. Malheureusement pour moi, une fois à la boutique, la robe ne m’allait pas du tout à cause de mes formes», confie-t-elle avec amertume.
Marième Pouye n’a pas seulement un problème de taille à gérer. La jeune femme de 23 ans doit aussi faire face à des prix salés. « Je peux dire que les habits de grande taille coûtent vraiment chers», avoue-t-elle. Cette dernière révèle dépenser entre 4.000fcfa et 12.000fcfa pour pouvoir trouver son bonheur. Elle déclare que les vendeurs ont tendance même à dire que la confection de ces vêtements prend beaucoup de tissus. Une excuse que cette dernière a du mal à faire passer. Marième a donc décidé de faire son propre plaisir : « Je me rends au marché, j’achète un tissu et je me fais coudre un joli modèle par le tailleur ». C’est une façon pour elle de créer son propre style.
Le shopping est un véritable casse-tête pour Fatima Djimera. La femme de 21 ans n’est pas férue de cela du fait des difficultés qu’elle rencontre pour son port vestimentaire. « Il m’arrive d’avoir le coup de cœur pour une tenue. Cependant, le seul hic est que ce n’est pas évident de la trouver à ma taille », dit-elle peinée. L’étudiante en lettres modernes affirme que cela devient très embarrassant, la contraignant souvent à changer de boutiques. Elle va même jusqu’à déplorer l’écart entre les prix. « Tu trouves des tarifs raisonnables pour la taille M alors que pour la taille XL ce n’est pas le même prix », déplore-t-elle. L’étudiante s’habille chez les boutiques grande taille. Une bonne chose que cette dernière encourage vivement. Elle estime que chacun doit pouvoir se retrouver sur le marché de l’habillement. « Nous avons des critères morphologiques différents et s’habiller devrait être quelque chose d’accessible à tout un chacun », dit-elle.
Le défi reste le même pour Thiané Fall. La trentenaire confie avoir un « un réel souci » pour trouver des habits par rapport à sa morphologie en XXL. En plus de cela, la commerçante fustige les prix. « Ils ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Par exemple, pour avoir des ensembles présentables et corrects, il faut débourser dans les 30.000fcfa voir 40.000 fcfa et pour un simple chemisier, le minimum est à 15.000fcfa», dénonce la femme forte. Elle fonde beaucoup d’espoir sur l’émergence des boutiques pour grande taille. « C’est une très bonne chose », s’est félicité la commerçante. Thiané Fall juge que ce sont des choses primaires qui ont été réglées dans les autres pays depuis belle lurette. Elle espère voir d’autres initiatives de ce genre.
Les entrepreneures se démarquent
Les marques grande taille sont nombreuses en France. Elles visent à aider les femmes rondes à être bien dans leurs corps. Le Sénégal n’est pas en reste. Des jeunes entrepreneures investissent progressivement le marché de la mode grande taille. C’est l’exemple d’Anna Seck . L’entrepreneure propose un large choix d’habits grande taille. La fondatrice de la marque Big Size a mûri sa marque en 2017 et elle s’est concrétisée en 2019.L’entrepreneure s’est basée sur son expérience propre . « C’était un peu difficile de me sentir à l’aise dans les vêtements achetés au marché, sans compter l’essayage qui était un véritable calvaire », se confie-t-elle. La femme ronde commence alors à créer son propre style. « J’ai entamé une collaboration avec des tailleurs et de fil en aiguille, je me suis dit pourquoi ne pas aider les femmes rondes comme moi », explique-t-elle. L’entrepreneure fait plus de la confection de tenues afin de répondre aux besoins et aux exigences de sa clientèle . Anna propose des tarifs allant de 10.000 fcfa à 30.000fcfa. L’entrepreneure affirme proposer de la « qualité » et souhaite que les initiatives de marques grande taille soient plus élargies.
Rokhaya Diop a créé sa marque en juillet 2020. Femme ronde, l’étudiante en master 1 audit et contrôle de gestion a toujours eu du mal à trouver des vêtements tendances à sa taille. «C’est quasiment le problème de toutes les femmes aux formes généreuses », reconnait-telle. Sa boutique virtuelle ‘PataMOL by kiki’ se veut être un univers où les rondes se retrouvent. L’entrepreneure s’est rendue compte des problèmes auxquels font face ses semblables. Le nom de la marque est, d’après l’entrepreneure,une ode à l’acceptation de soi. «PATAMOL est un mot wolof original d’habitude certains trouvent le mot un peu vexant or que non c’est juste notre langue et on doit l’assumer comme on voudrait assumer notre corps», fait savoir l’entrepreneure. Les femmes aux formes généreuses sont les principales cibles de la marque. «C’est pour les tailles allant de 40 à 54 ou plus comme l’indique le nom PATAMOL STORE», souligne-t-elle.Les prix varient entre 3.000fcfa à 35.000fcfa. «Toutes les rondes trouveront leur bonheur en matière d’habillement qu’importe leur budget», dit-elle avec assurance.
« J’ai créé la marque ‘j’assume’ en 2017 parce que j’avais des problèmes pour me vêtir», a fait savoir Fatou Barry. Cette derniere décide de trouver une solution à ce problème. «J’étais dans les mêmes jeans et c’était assez gênant. C’est par la suite que j’ai pensé à une alternative qui va me permettre à moi mais aussi à mes semblables de pouvoir contourner ce fléau à travers ma boutique en ligne », affirme-t-elle. Ses cibles sont exclusivement « les personnes en surpoids » qui n’arrivent pas à trouver des vêtements. « Je cible généralement les femmes, mais les hommes aussi en font partie », explique la jeune femme. « Cette dernière vend des vêtements dont les tarifs sont compris entre 2.000fcfa et 10.000fcfa. Fatou Barry s’est réjouie de l’émergence de marques pour femmes rondes. « Chaque marque grande taille véhicule une certaine image propre à elle. Mais derrière, il y a beaucoup de choses à faire pour que les femmes grande taille puissent être épanouies », se désole-t-elle. Elle avoue que c’est dans la psychologie des gens. « Il faut apprendre aux gens à accepter les grandes tailles », déclare-t-elle catégorique.
Arame NDIAYE