Fadiouth recèle de nombreuses particularités, tant au niveau culturel, touristique que religieux. L’un des éléments phares de ce village est le cimetière mixte où sont enterrés musulmans et chrétiens. À la découverte de ce joyau qui participe au syncrétisme religieux hors norme de cette localité.
En arrivant à Fadiouth, il y a de nombreux lieux à visiter pour un séjour agréable. L’un d’eux est le cimetière de Fadiouth. Juché sur les hauteurs du village, en face du grand pont, il faut prendre une pirogue pour y accéder depuis Joal. À partir de Fadiouth, il suffit de marcher et de traverser le petit pont en contrebas. Après un tour en pirogue et un détour par le grenier situé non loin, nous découvrons le cimetière. Ce qui frappe d’emblée, c’est de voir certaines tombes avec des croix d’un côté, symboles de la chrétienté, et de l’autre, des sépultures sur lesquelles trônent le croissant et l’étoile, représentatifs des musulmans. Dans ce village où les membres des deux confessions vivent en parfaite harmonie, les gens convergent main dans la main, même dans leur route vers l’au-delà.
Dans ce cimetière gisent des hommes d’église, des imams, et des personnalités comme François Bob, qui a été ministre des Sports du Sénégal dans les années 1970. « La grande partie est réservée aux chrétiens, la petite pour les musulmans », renseigne d’emblée notre guide, Sadio Thior. « Même dans la mort, il y a la solidarité et le partage entre nous », renchérit-il.
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Un sol particulier
Par ailleurs, Joal est appelée l’Île aux coquillages. Même dans le cimetière, la topographie est la même. Le sol, rempli de coquillages, grince sous les semelles des touristes, donnant parfois l’impression d’une rythmique bien orchestrée. Et avec ce sol particulier, on ne trouve que des coquillages, même lorsqu’on creuse à 8 mètres de profondeur, explique M. Sadio.« Vous voyez la grande croix qui est là, symbole des chrétiens ? Si vous regardez bien, leur partie est plus grande dans ce cimetière parce qu’ils sont les premiers à avoir occupé le village. Sinon, tous les habitants sont égaux. Chaque musulman a une partie de sa famille qui est catholique, et vice versa. C’est de cette manière qu’on vit, dans la communion et l’entente. Par exemple, moi, quasiment tous mes oncles sont catholiques alors que je suis musulman. »
D’ailleurs, c’est sur l’emplacement de cette grande croix qui s’élève sur plusieurs mètres que le prêtre effectue la messe lors des funérailles chrétiennes. Les habitants de Fadiouth considèrent donc le cimetière de Fadiouth comme un joyau à chérir, un symbole de fraternité entre les gens, quelle que soit leur confession religieuse.
Oumar Boubacar NDONGO