La commune de Joal-Fadiouth, à travers son emplacement, offre plusieurs particularités environnementales et culturelles. Mais ce qui fait le plus son charme réside dans le fait que les religions musulmane et chrétienne cohabitent dans une parfaite harmonie. Les représentants de l’église et de la mosquée reviennent sur ce qui fait la force de Fadiouth.
À travers l’histoire, et aujourd’hui un peu partout dans le monde, la religion a été source de tensions, voire de tueries. Mais à Joal-Fadiouth, la donne est totalement différente, bien au contraire. Dans cette commune du département de Mbour, sur la Petite Côte, les musulmans et les chrétiens ne font qu’un.
Assis dans son bureau de la paroisse Saint-François Xavier de Fadiouth, l’Abbé René Mbagnick Ngom décrit cette coexistence pacifique. Il souligne que leur appartenance à la même communauté et leurs liens culturels favorisent des relations fraternelles et de parenté. L’entraide mutuelle est une valeur clé, visible notamment dans les actions sociales de la Caritas paroissiale qui ne discriminent pas selon la religion. De même, les musulmans partagent leurs dons avec les chrétiens nécessiteux. Cette solidarité s’illustre aussi dans les collectes intercommunautaires organisées par les classes d’âge pour des périodes religieuses comme le Carême et le Ramadan, sans distinction de foi. Enfin, des gestes discrets de partage et de fraternité sont une réalité quotidienne entre les membres des deux communautés.
« Ce qui est frappant ici, c’est qu’au-delà de la considération religieuse, il y a l’appartenance à un même peuple, à une même famille. Cet ancrage culturel donne vraiment un aperçu de ce que peuvent être les relations entre les musulmans et les chrétiens. Ce sont des relations très fraternelles, des relations bâties sur la parenté et aussi sur la fraternité et l’entraide mutuelle, surtout. Ce sont vraiment des valeurs qui transparaissent dans les relations entre musulmans et chrétiens dans ce village. L’autre chose, c’est en rapport, par exemple, aux actions sociales qui sont faites. »
Une situation qui fait écho dans les paroles de l’imam de la localité, Moussa Sarr, qui s’exprime sur sa véranda avec ses livres saints : « Joal est unique au Sénégal. Chrétiens et musulmans vivent dans un mélange si parfait qu’on a du mal à les reconnaître. Avant la religion, on a d’abord les liens du sang. Parfois, parmi deux personnes de même père et de même mère, l’une est musulmane et l’autre chrétienne. Quelqu’un a même souligné qu’on ne parle pas de dialogue islamo-chrétien mais de sang islamo-chrétien à Joal. Quand il y a un événement, tout le monde participe sans distinction de confession religieuse. »
Oumar NDONGO