Soukouta renferme l’histoire du village, où ils escortent la vie quotidienne et palpitante des villageois.
À errer à Soukouta, dans les ruelles orthogonales vouées au culte du piéton et de l’animal, on est forcément attiré par ses pivots géants. Ici foisonne une forêt de baobabs et de fromagers. Mais, parmi ces gigantesques arbres, deux crémiers se distinguent de la mêlée.
Selon la légende, contée de génération en génération, ces majestueux bosquets renferment la mémoire vivante du village, en particulier de la communauté « diakhanké ». Majestueux et somptueux, le premier fromager, pointé au cœur du village, est aussi vieux que Soukouta, dont la création remonterait à 700 ans.
« Nous sommes ancrés dans l’Islam, donc nous sommes contre l’idolâtrie. Mais, nous avons appris de nos aïeux que l’un des fromagers recèle un pan de l’histoire de notre village. À l’époque, les villageois se retrouvaient sur place pour prier. On rapporte que le génie protecteur du village y résidait », narre le chef du village de Soukouta, Fodé Bacary Diassy.
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Dans ce bourg où s’entremêlent pêle-mêle cases en banco et bâtisses modernes, mythe et mysticisme se côtoient intrinsèquement. Notre interlocuteur martèle que les villageois vouent un grand respect à cet arbre pour tout ce qu’il représente comme passé-présent. Situé à l’extrême ouest du village, le deuxième fromager vibre au rythme de Soukouta.
Il est une sorte d’arbre à palabres où les sages du village se retrouvent tous les jours pour discuter des affaires courantes de la cité. Pour preuve, ce jour-là, on a retrouvé en pleine discussion une dizaine de vieux, sous l’ombre bienfaitrice du grand fromager trônant fièrement et ceinturé par quelques ligues d’herbe.
« Cet arbre accueille les grands rendez-vous du village. En plus, il a une histoire strictement liée à la fondation du village. On raconte qu’un jour, un marabout nommé Mbemba Diawara était passé dans les parages. À son arrivée dans cette contrée, il a passé la nuit sous cet arbre. C’est ainsi qu’il a fait un rêve et conseillé à son hôte Fodé Kaba Diassy de (re)baptiser le village Soukouta. Madina était le nom que portait ce hameau, avant », se remémore Lakhémé Diassigui, un des sages du village. Depuis, mythe et histoire continuent d’arroser les grands fromagers de Soukouta.
Par Ibrahima Khaliloullah NDIAYE et Ibrahima KANDE (Textes) et Mbacké BA (Photos)