Né du décret numéro 2008/747 du 10 juillet 2008, le département de Goudiry est le plus vaste et l’un des plus pauvres du Sénégal. Cette partie du Boundou, site d’établissement du premier État musulman au Sénégal au 17e siècle et situé à plus de 500 km au sud-est de Dakar, regorge de chantiers inachevés.
Quand la nuit tombe, Goudiry s’ombre dans les ténèbres. La ville entière s’engouffre dans le noir à cause des coupures de courant répétées et du manque d’éclairage public. Et quand le soleil darde ses fins rayons sur le cuir chevelu, la ville suffoque à cause de la forte canicule. Les rares gouttes d’eau au goût amer qui suintent des robinets ne sont pas buvables. Pour étancher leur soif, les populations sont obligées de se payer des bouteilles d’eau minérale, dont les coûts varient entre 100 FCfa, pour le petit flacon, et 1000 FCfa, pour la bouteille de 10 litres. Et ce n’est pas tout le monde qui peut s’offrir le luxe d’acheter de l’eau minérale et embouteillée. D’autant plus que les populations de Goudiry, en majorité des paysans et éleveurs, tirent la queue du diable. Outre, elles peinent à asseoir correctement les trois repas quotidiens. En vérité, né du décret numéro 2008/747 du 10 juillet 2008, le département de Goudiry est le plus vaste du Sénégal. Cette localité enfouie dans le Boundou (lieu d’établissement du premier État musulman au Sénégal au 17e siècle et situé à plus de 500 km au sud-est de Dakar) est également l’une des plus pauvres du pays. La commune de Goudiry est pointée à 195 kilomètres de la capitale régionale, Tambacounda. Cette zone peuplée en majorité de Peuls, de Diakhankés et de Soninkés, manque de tout. Ou presque. C’est un vaste territoire où foisonnent une riche faune et une flore dense, une peuplade d’hommes fiers et dignes, des travailleurs acharnés. Mais ce site où passe la Nationale 1 donne l’air d’un gros village à l’aspect urbain. Le chef-lieu de département ne dispose pas de locaux pour tous les services décentralisés de l’État. Un exemple : le tribunal départemental est logé par la mairie qui, elle-même, ne disposant pas de siège, mais réside dans un bâtiment qui menace ruine et bouffé par les hautes herbes.Pas que ça ! Goudiry regorge également de plusieurs chantiers inachevés. L’un des plus marquants reste l’Espace numérique ouvert (Eno), un projet entamé depuis plusieurs années, mais qui peine à sortir de terre. Selon Mountaga Diallo, deuxième adjoint au maire de Gouridy, les travaux sont à l’arrêt depuis 3 ans. « Nous avons toqué à toutes les portes et porté le dossier partout, mais rien à faire. Le chantier ne bouge pas. Dernièrement, un entrepreneur s’est pointé, mais jusque-là, ça n’avance pas et nous ignorons les causes de cet arrêt brusque des travaux », geint l’édile. Outre ce programme d’implantation de l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs) arrêté, on ne sait pour quel motif, selon la mairie, il y a aussi le chantier cassé de la Case des tout-petits entamé depuis 4 ans et implanté à l’entrée de Goudiry, vers l’extrême-est de la Préfecture. La Maison de la jeunesse et de la citoyenneté reste également un projet inachevé.
Cet ambitieux programme du ministère de la Jeunesse amorcé depuis 3 ans est aux arrêts. De l’avis d’El Hadji Sao, secrétaire général de la mairie de Goudiry, l’équipe municipale a voulu en savoir plus, mais elle n’a reçu aucune explication fiable des autorités compétentes concernant l’arrêt de tous les chantiers susmentionnés. De visu, les différents chantiers inachevés de Goudiry sont devenus le refuge des animaux errants et des reptiles. À cause de l’état chaotique des lieux, personne n’ose s’y aventurer. Les rares individus qui y flânent ne jouissent pas de toutes leurs facultés mentales. Une certitude : si ces projets phares de Goudiry sortent de terre, ils devraient redonner le sourire aux populations, qui font déjà face à un manque criant d’infrastructures sociales de base.
Par Ibrahima Khaliloullah NDIAYE et Ibrahima KANDE (textes)