« L’hôpital régional de Saint-Louis est vieux de plus de 300 ans. Tout est délabré. Il n’y a pas d’ascenseur pour acheminer les malades qu’on vient d’opérer. Le sous-sol est inondé. Le bâtiment est dans un état piteux », fustige Alé Thiam dit Gas El Salvador, activiste et président du collectif « Sauver Saint-Louis ».
En plus du scanner, souligne-t-il, la morgue fait aussi face à d’autres difficultés. Selon Gas El Salvador, plusieurs personnes se sont plaints d’avoir retrouvé les dépouilles de leurs proches dans un état de putréfaction après seulement 24 h de séjour à la morgue de l’hôpital régional de Saint-Louis. « On a été choqué quand on a visité la morgue. Il n’y a que trois tiroirs qui fonctionnent dans la chambre froide et un seul climatiseur. Quand vous entrez, c’est une chaleur étouffante qui vous accueille, alors que ce sont des cadavres qui y sont gardés. Nous avons reçu plusieurs témoignages de personnes qui ont récupéré leurs cadavres dans un état de décomposition avancé », renseigne-t-il. Le président du collectif « Sauver Saint-Louis » mentionne aussi que les sanitaires de la structure médicale sont fréquemment bouchés.
Selon Alé Thiam, il y a deux chambres qui sont fermées. Il souhaiterait qu’elles soient réfectionnées pour servir à garder les cadavres d’enfant. « Il y a que trois tiroirs qui fonctionnent dans la chambre froide, et quand il y a un accident, ou drame de la migration irrégulière, c’est compliqué. Il y a eu des cas où les corps étaient étalés à même le sol », dénonce le président du collectif « Sauver Saint-Louis ». L’organisation a ainsi entrepris des démarches comme une collecte de fonds pour venir au secours de l’hôpital.
Des vidéos dénonçant l’état de la morgue ont fait le tour des réseaux sociaux. Pour M. Thiam, ils ont pu réunir plus de 2 millions de FCfa et des climatiseurs. Concernant le scanner, les membres du collectif disent avoir saisi le ministère de la Santé et de l’Action sociale pour permettre à l’hôpital de disposer d’un nouveau scanner. « Nous voulons un nouveau scanner, les pannes répétitives sont vraiment fatigantes », regrette Alé Thiam. Cependant, le directeur de l’hôpital régional de Saint-Louis fustige la démarche de ce collectif. À en croire Elhadji Maguette Seck, contrairement à ce qu’avancent les membres dudit collectif, il n’y a aucun problème à la morgue.
« Ça râle de partout, mais il n’y a aucun souci parce que nous avons une armoire mortuaire de 6 tiroirs et les 4 sont fonctionnels, il n’y a que les deux qui sont en panne, et d’habitude on n’a pas 4 corps en même temps dans la morgue. Donc il n’y a pas de problème. Je ne vais pas polémiquer, je préfère être dans mon rôle. S’il y avait un souci, j’allais informer mes supérieurs », indique M. Seck. Il reconnait toutefois que la morgue est vétuste. « S’ils (les gens du collectif) veulent accompagner l’hôpital, ça me va, mais la manière n’est pas la bonne », désapprouve El Hadji Magatte Seck.
Jeanne SAGNA