On dit que le Sénégal traverse une crise de valeurs. En tout cas, à force de chercher ces valeurs-là, on finit par les perdre comme des clés oubliées dans un sac troué.
L’affaire Nogaye Thiam, une jeune femme retrouvée morte dans sa chambre après deux jours, son bébé à ses côtés, secoue la toile depuis jeudi 20 novembre. Elle nous gifle d’un rappel sec. Quand une société se dérègle, ce n’est pas le vent qu’on accuse, ce sont les humains qui tournent de travers.
On a tellement modernisé nos vies qu’on a débranché l’essentiel : l’attention, la solidarité, la simple humanité. À la place, on s’offre des concours de rancœur, des ligues de jalousie, des championnats de « défanté ».
Des foyers qui devraient être des refuges deviennent des rings émotionnels où chacun joue sa survie comme dans une série télé, prêt à éliminer les autres acteurs. Le pire ? On s’étonne. On se scandalise. On commente. Mais, la société, ce n’est pas un simple décor. C’est nous en version collective.
Si nous sommes déshumanisés individuellement, alors le pays, lui, meurt en grand-angle. Il serait temps d’arrêter de jouer les pyromanes émus par l’incendie.
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