Iba Fall Diouf, Sébikotane au cœur

Grâce à une citoyenneté active, Iba Fall Diouf a montré qu’on pouvait réellement contribuer au développement communau­taire. Selon lui, l’approche bottom-up (par le bas) doit davantage être encouragée.

Iba Fall Diouf, le président de la communauté sé­rère saafi (safène) de Sébikotane est électronicien de profession, mais il est l’incarnation parfaite du fameux slogan « don de soi pour la patrie ». Ce citoyen actif, résidant à Sébikotane, une loca­lité située à 45 km de Dakar, n’a pour ambition que le rayonne­ment de sa localité qu’il chérit fiè­rement.

Cette commune est l’alpha et l’oméga des préoccupations quo­tidiennes du président de l’orga­nisation de développement com­munautaire « Takhawou ak doolel Sébikotane » (Tds, un acronyme devenu célèbre dans la ville). « Sé­bikotane pour nous et par nous », tel est l’objectif du groupe Whatsapp dédidé, qui est un outil de contribution citoyenne « pour le meilleur devenir » de la ville.

Depuis 2019, Iba Fall Diouf a entrepris, de par son dynamisme, son engagement et son dévoue­ment à servir sa communauté.

Seynabou Guèye, « Badiénou Gox » (marraine de quartier) à Sé­bikotane, le décrit comme quelqu’un de courageux, et de très utile pour sa communauté. « Iba Fall Diouf, je le connais très bien. Il n’est pas mu par des in­térêts crypto-personnels. Il est au service exclusif de Sébikotane. Il n’a pas le temps de s’occuper de sa personne », atteste-t-elle. Cette actrice communautaire est convaincue que si la localité par­vient à mobiliser une dizaine de personnes de la trempe de Iba Fall Diouf, elle allait se dévelop­per.Plusieurs combats dans di­vers registres, parfois sensibles, voire dangereux, sont à mettre à l’actif de M. Diouf. Ses interven­tions prennent en compte le fon­cier, l’économie, la santé, l’envi­ronnement, l’éducation, entre autres.

A ses cordes, on peut citer son engagement pour la communauté saafi. Le groupe Whatsapp dédié, qu’il a créé le 19 juin 2024, revi­site l’histoire, la culture de cette communauté, mais aussi réfléchit sur ses perspectives. « L’objectif de ce groupe est de revaloriser la culture saafi », tel est le credo du groupe.

Pourtant, au départ, Iba Fall Diouf, né à Abidjan (en Côte d’Ivoire), à l’orée des années 70, ne se limitait qu’à des posts sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, pour décrier, dé­noncer certaines situations « in­justes » se rapportant à sa loca­lité. Vu l’impact restreint de ses actions, il décide alors de s’inves­tir pleinement en envahissant le terrain pour être au coeur de la chose. Dans ce sillage, il met sur pied le groupe « Takhawou ak doolel Sébi » (Tds), dont il est l’ad­ministrateur. « J’ai créé le groupe Tds en janvier 2020. Il regroupe presque tous les cadres de Sébi­kotane et prend en compte toutes les couches de la localité allant de 17 à 85 ans », renseigne-t-il.L’objectif de ce panel, très animé, vise à contribuer au dé­veloppement de cette commune. D’ailleurs, M. Diouf se sert de cette plateforme pour sensibiliser et collecter des fonds devant ser­vir à réfectionner les ambulances, à la réhabilitation d’écoles, entre autres. En tant que président des impactés du Train express régio­nal (Ter) (Diamniadio, Sébiko­tane, Landou), Iba Fall s’illustre dans la construction de la se­conde phase de l’infrastructure devant se rendre à l’aéroport Blaise Diagne.

Litiges fonciers, impactés du Ter

Il a milité pour une indemnisa­tion digne et juste de la popula­tion. Iba Fall Diouf engage la lutte pour l’érection d’une gare à Sé­bikotane, qui est coupée en deux par le Ter. « Au début, il n’était pas prévu de construire une gare dans notre localité. Grâce à de multiples démarches auprès des autorités, nous avons finalement obtenu gain de cause. Sébikotane aura sa gare », se réjouit-il.

Outre ce combat, M. Diouf se distingue également dans le do­maine des litiges fonciers. « Au mois de mai 2024, des responsa­bles m’ont contacté pour que je puisse porter le combat des 900 ha de la famille Filfili. C’est une affaire qui date de plus de 30 ans », rappelle-t-il. D’ailleurs, il se targue d’avoir réussi l’exploit de rassembler presque toute la po­pulation autour de cette question. En 2023, Iba Fall Diouf s’est en­gagé dans la mobilisation autour des 13 ha, source de litige entre les communes de Sébikotane et de Diamniadio. C’était également le cas en 2022, où il avait porté le combat à propos des 75 ha dé­classifiés de la forêt classée de Sébikotane et attribués à des en­treprises privées.

Un engagement récompensé

L’engagement d’Iba Fall ne souffre d’aucune ambiguïté au­près des siens. Ces derniers sont unanimes sur les nobles combats entrepris par ce dernier. Baye Mour Diouf rapporte que son frère a toujours été engagé depuis l’enfance. Toutefois, son fort tem­pérament et ses prises de position déplaisent à certains. C’est le cas avec l’ancienne équipe munici­pale. Moustapha Diagne, chef de cabinet du maire sortant, dé­nonce chez Iba la critique facile. « Il y avait un creuset parlant de la communication. Les popula­tions ne prennent pas le temps d’aller à la source pour disposer de la bonne information. Parfois, il nous taxe de laxisme, alors que les moyens sont extrêmement li­mités », précise-t-il.

Quoi qu’il en soit, l’engagement de ce Sébikotanois a été célébré le 21 décembre dernier au Centre socio-collectif de la ville. Un autre hommage lui sera également rendu le 29 décembre prochain au centre socio-collectif de Diam­niadio. Le groupe Tds a été choisi comme la meilleure organisation de développement communau­taire dans l’arrondissement de Diamniadio, qui est composé de trois communes : Sébikotane, Diamniadio et Yenne.

Par Mohamed DIENE (Correspondant)