La Tabaski est un rituel sacrificiel relevant de la sunna pour tous quel que soit le statut de la personne au sein de la société. Ainsi, qu’on soit célibataire, marié, veuf, veuve, divorcé, jeune ou vieux, ce sacrifice est un devoir auquel, dans la mesure du possible, chaque membre d’une famille est assujetti lorsque les autres sont ou pas dans l’impossibilité de le faire. C’est ce qu’explique le spécialiste. « Il n’est point étrange qu’une femme puisse répondre à ce sacrifice dès l’instant qu’elle en a les moyens», affirme l’enseignant-chercheur à l’École supérieure d’économie appliquée.
Aujourd’hui, compte tenu des situations conjoncturelles et de l’émancipation de la femme qui la place et la hisse au sommet des hiérarchies sociales où de plus en plus elle gagne dignement sa place au milieu des hommes, cette dernière à tendance à prendre sa revanche sur l’homme longtemps favorisé par la division sexuelle du travail en assumant sciemment nombres responsabilités qui ne lui étaient dévouées dans la société d’après le sociologue. « Ce format de sacrifice, au-delà du rituel, est révélateur à la fois de la volonté de recherche d’égalité à l’homme et de domination des autres », renchérit Dr Souleymane Lo.
En outre, selon ses explications, les femmes deviennent de plus en plus cheffes de famille soit après l’épreuve d’un mariage avorté pendant lequel elles s’habituaient au sacrifice du mouton par leurs maris, soit à l’issue de la disparition de leurs maris. Dans ces circonstances, les femmes sénégalaises en situation de veuvage, de divorce et ou d’abandon marital, parce que pleines de leur dignité et conscientes des conséquences sociales et psychologiques sur leurs progénitures vivant dans une société où le respect dû à la personne est fonction de sa capacité d’accomplir cette sunna devenue une contrainte sociale, ne ménageant aucun effort pour se tenir sur orbite même si elles doivent saigner des quatre vaines.
Arame NDIAYE