Destination phare des visiteurs, le décès de la « Reine de Sipo » en avril 2022, a jeté un coup de froid à ce lieu d’antan rayonnant. Mais, Fatou Mané de son vrai nom, a laissé elle, un fils et héritier Issa Touré et une fille qui aujourd’hui, veillent sur le legs de leur défunte mère dont les pouvoirs de guérisseuse ont fait le tour des îles du Delta du Saloum et bien au-delà.
L’île de Sipo s’aperçoit depuis la côte. Après quelques minutes de balade en mer, elle se dévoile à nous. Le temps est gris et nuageux comme s’il nous décrivait le climat qui y règne depuis la disparition de sa Reine, en avril 2022.
En franchissant le sol de ce lieu, le visiteur est tout de suite frappé par un bâtiment accompagné d’une grande affiche en hommage à la Reine de Sipo. C’est d’ailleurs en ce lieu qui fait office de « palais royal » que nous accueille Issa Touré.
Le fils de la reine de Sipo ne porte pas seulement le titre de « roi ». Il est aujourd’hui le gardien des traditions et du legs de sa mère.
« Dotée de pouvoirs mystiques, elle était guérisseuse et assistait toutes les femmes du royaume lors de leurs accouchements », a fait savoir le roi et chef de village.
Ce dernier assure que l’héritage est entre de bonnes mains. « Nous restons toujours attacher aux traditions et continuons à partager nos connaissances pour guérir toute personne qui frappe à nos portes », affirme-t-il.
Issa Toure souligne qu’il lui arrive de séjourner dans la forêt pour aider les nécessiteux. « L’île continue de recevoir des visiteurs qui font appel à nous et peuvent rester plus de trois jours pour bénéficier de nos soins », déclare-t-il. Une façon de perpétuer le travail de Fatou Mané, reine inoubliable de Sipo.
D’ailleurs, aux abords la plage qui sert en même temps d’embarcadère de l’île, se dressent des cases en paille qui selon les habitants servent d’endroits de bains mystiques. Des pratiques qui attirent encore des visiteurs dans ce village niché au cœur de la mangrove des Îles du Saloum.
Au-delà, de ces pratiques léguées par la défunte Reine de Sipo, l’île renferme un lot de maux. Ici, les femmes sont obligées de parcourir des kilomètres dans les eaux afin de donner naissance ou de soigner leurs malades. En dehors d’infrastructures sanitaires, l’île ne compte qu’un seul enseignant pour tous les niveaux de l’élémentaire.
« Il est le seul enseignant que nous avons depuis des années. S’il voyage ou tombe malade, aucun n’enfant ne fait cours. Nous appelons l’Etat à renforcer les enseignants dans l’île afin que nos enfants puissent bénéficier convenablement de leur droit à l’éducation », plaide le Roi de Sipo.
Mariama DIEME-Arame NDIAYE(texte)-Jamil THIAM (vidéo)