Immatriculation des deux-roues : Une mesure qui risque de freiner l’activité des « tiak-tiak »

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La nouvelle réglementation sur l’immatriculation des deux-roues bouleverse le quotidien des conducteurs de moto-taxis. Entre difficultés administratives et inquiétudes pour leurs revenus, ces derniers se demandent comment s’adapter à ces nouvelles contraintes. Cependant, certains conducteurs et clients saluent la nouvelle mesure.

Vendredi 3 janvier 2025. Le soleil irradie de toute sa splendeur. L’asphalte d’un des points de convergence des motos-taxis du marché Dior jouxtant la station-service reflète la lumière intense de la journée. Au cœur de cette ambiance bigarrée, le vrombissement des moteurs et une symphonie métallique assourdissante se mêlent à l’odeur âcre des panaches de fumée qui empestent l’air. Les klaxons stridents rythment ce décor, tandis que les couleurs chatoyantes des étals viennent égayer ce tableau urbain. Filiforme, vêtu d’un blouson flasque et étriqué qui ne cache nullement son allure chétive, Baye Dame Cissé, débonnaire, la clé à la main, se tient sur la chaussée.

L’ancien vendeur de friperie à la sauvette, qui s’est mué en conducteur de « tiak-tiak », est à l’affût de l’arrivée de potentiels clients. Le jeune conducteur balaie sporadiquement du regard les alentours de la station, prêt à démarrer dès qu’un client fera signe. Son faciès, jusqu’alors avenant, a laissé place à un visage de bois à l’évocation de la nouvelle réglementation sur les deux roues. « Ah, cette mesure va nous compliquer la vie ! », vocifère-t-il. À l’en croire, cette nouvelle réglementation risque de mettre un terme à leurs activités. « Beaucoup d’entre nous, notamment les conducteurs de « Jakarta », seront contraints d’abandonner », affirme-t-il avec aplomb.

« La mesure risque d’impacter notre activité »

Cette situation, renseigne le conducteur, s’explique par le fait que beaucoup de conducteurs de « Jakarta » ne disposent pas de papiers légaux pouvant leur permettre d’immatriculer leur moto. « La plupart d’entre nous ont acheté des motos d’occasion, sans aucun justificatif de vente. À défaut de ces papiers, on ne peut pas suivre les démarches administratives. Je ne pense pas que je serai en mesure d’immatriculer ma bécane dans les délais impartis par les autorités. Je gère mon foyer avec les revenus tirés de cette activité », affirme Baye Dame Cissé, l’air expressif, tripotant d’une main sur sa poitrine plate un collier de perles.

À côté de lui, un autre conducteur tente d’attirer, tel un énergumène, l’attention des passants avec des gestes de la main. Comme presque la plupart des conducteurs stationnés dans ce point de stationnement, Ibou Diagne n’a pas encore immatriculé sa moto. Il donne des explications pour le moins surprenantes. « La semaine, j’étais parti pour chercher une carte, mais les agents que j’ai trouvés sur place m’ont signifié que le démarrage des immatriculations pour les deux-roues n’est pas encore effectif », avance le conducteur avec un brin d’hilarité, sans daigner lever le regard sur les passants. « Si je ne parviens pas à avoir les papiers, je serai obligé de rendre la moto à son propriétaire », ajoute Ibou Diagne, sans sourciller.

 Les clients applaudissent

Revenant juste d’une course, la mine visiblement fatiguée, Mamadou Sow abonde dans le même sens. Selon lui, ces nouvelles règles compliquent la situation pour beaucoup de conducteurs. « Ça risque d’être compliqué parce que nous n’avons que trois mois de sursis », dit-il, espérant tout de même que le gouvernement va faciliter les démarches administratives. « Il nous est impossible de travailler sans ces papiers. Nous risquons des amendes, voire des saisies de nos motos », renchérit Mamadou. À quelques encablures du point de stationnement des moto-taxis, un autre conducteur a garé sa moto à proximité de la pharmacie. Accroupi près de son scooter, Abasse Sidibé n’embouche pas la même trompette que les autres conducteurs interrogés. En effet, il explique être déjà en possession d’une plaque d’immatriculation. Selon lui, cette nouvelle réglementation ne va pas seulement permettre de réguler ce secteur, mais leur conférer aussi un statut légal.

« Grâce à cette mesure, tous les conducteurs auront un statut légal aux yeux des agents de police routiers », se réjouit-il. Parmi les passagers rencontrés, Aïssata Diop, une cliente fidèle des moto-taxis. Grande et élancée, elle porte une robe en wax colorée qui met en valeur sa silhouette élégante. Ses cheveux soigneusement tressés en nattes fines, Aïssata a l’air à la fois décontractée et attentive. « Je pense que cette nouvelle réglementation va assainir le milieu. J’ai vu récemment une bande de trafiquants de chanvre indien qui se servait des motos « Jakarta » comme moyen de déplacement. Il y a trop de bandits qui se glissent parmi les honnêtes conducteurs », affirme-t-elle avec conviction tout en ajustant son foulard. « Nous, les clients, nous nous sentirons plus en sécurité en sachant que les conducteurs sont immatriculés et réglementés », renchérit Mme Diop.

Pathé NIANG

 

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