Un violent incendie s’est déclaré au marché Sandaga, à Dakar, dans la soirée du samedi vers 21 heures. Le feu a consumé la boutique et les dépôts du célèbre commerçant de chaussures connu sous le nom de «Mor Talla Sandaga».
«Mon Dieu depuis 21h, c’est assez. Quand est-ce que vous allez éteindre ce feu !», lance la dame Ndèye Gaye, regardant avec impuissance, l’immeuble qui sert de magasins et de dépôt à son beau-fils, Mor Talla «Sandaga» consumé par les flammes. L’incendie a commencé dans la nuit du samedi vers 21h, à la Rue Thiong Prolongée, appelée «Roukou disquette».
Ce cri du cœur est une manière pour la dame d’implorer le Seigneur car le feu résistait encore aux sapeurs-pompiers jusqu’à 18 heures, hier. Ces soldats du feu étaient raillés par des jeunes. «S’ils étaient compétents, le feu serait éteint depuis hier», marmonnent deux jeunes, désignés comme des employés de Mor Talla. Gagné par le désespoir, un autre s’en remet au Seigneur qui, dit-il, «décidera de mettre fin à l’incendie quand il le désirera». Loin d’attendre la main de Dieu, des jeunes, devant la violence des flammes et craignant sa propagation dans les maisons et boutiques environnantes, prêtent main-forte aux sapeurs-pompiers. Ils sont montés sur la terrasse et jetent au sol des habits, des ventilateurs et même une bonbonne de gaz. Avec l’avancée des flammes et les risques d’affaissement, les forces de l’ordre leur intiment l’ordre de descendre.
Au sol, badauds et commerçants se sont massés aux alentours de l’immeuble. La foule fixait d’un regard la bâtisse en feu et les zincs craquelaient. «C’est à l’aube que j’ai eu vent de l’incendie. Le feu était circonscrit mais vers 14h il a repris», raconte Aliou Ndiaye dont la boutique de prêt-à-porter se trouve au rez-de-chaussée de l’immeuble. Le commerçant se réjouit qu’il n’y ait pas de pertes humaines. Toutefois, il évalue le préjudice à plus d’un milliard de FCfa. «À Sandaga, si on vous dit qu’un magasin brûle sachez que des millions partent en fumée et ici c’est un immeuble de quatre étages», dit-il. Sur l’origine de l’incendie, le sieur Ndiaye et son cousin pointent du doigt la qualité du bâtiment qui, disent-ils, «ne répond à aucune norme».
Les dames Ndèye Mboup et Absa Hanne qui se sont présentées respectivement comme mère et tante de Mor Talla ont du mal à cacher leur douleur. «C’est dur, trop même, mais c’est la volonté divine. C’est Dieu qui lui avait donné cette richesse et il l’a reprise. Nous sommes convaincues qu’il lui en donnera davantage. Il n’a qu’à travailler comme il l’avait fait pour en arriver là», disent-elles tour à tour. «Il a toujours travaillé avec abnégation et a suivi les recommandations de Serigne Saliou Mbacké. Et j’ose espérer que la générosité dont il a toujours fait montre à l’endroit de sa famille l’aidera à se relever», soutient Ndèye Mboup, en larmes.
Fatou SY